Affaire de Solages  

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L'affaire de Solages - de Barrau est une affaire de lettre de cachet mettant en scène deux familles nobles de la province du Rouergue dans la seconde moitié du Template:XVIIIe siècle.

Hubert de Solages (né à Carmaux en 1746) se trouvait être un des sept prisonniers enfermés à la Bastille lors de sa prise le 14 juillet 1789.

Cette affaire a été évoquée dans différentes publications, mais celles-ci ne semblent pas en mesure de jeter l'entière lumière sur les raisons et les faits dont certains apparaissent encore de nos jours comme obscurs.

Contents

L'affaire

Les faits

Le comte Hubert de Solages (né en 1746 et qui a 19 ans), sous-lieutenant au régiment de Condé-dragons depuis 1763, est arrêté sur la demande de son père par lettre de cachet du 26 mai 1765. Il est d'abord enfermé au château de Ferrières près de Castres (Tarn), puis le 27 décembre 1767, au fort de Brescou au large du cap d'Agde. Le 20 juin 1771, il est emmené au château de Pierre-Encize, aux portes de Lyon, d'où il s'évade. À la suite d'une réunion de famille qui se tient en 1781 à Cordes, il est transféré au château de Vincennes le 11 juin 1782, puis il est enfermé à la Bastille, à Paris, le 28 février 1784. Il arrive presque en même temps que le marquis de Sade et il occupe un logement au 4e étage de la tour de la Bertaudière face à la rue Saint-Antoine, proche de celui de Sade. Il occupe ses journées en jouant du violon, en lisant et en écrivant. Sa famille paie 2 400 francs pour sa pension et 400 francs pour son entretien<ref>Auguste Puis invite à consulter les archives de la Bastille à la bibliothèque de l'Arsenal, à Paris, où se trouve un dossier sur Hubert de Solages.</ref>. Le 14 juillet 1789, lors de la prise de la Bastille, il est libéré et conduit par la population parisienne jusqu'à l'Hôtel de Ville où il est félicité par la municipalité qui lui trouve "une figure noble et imposante". Il est hébergé à l'hôtel de Rouen par les soins du président du district de l'Oratoire, aux frais des districts. Puis il retourne chez lui en Albigeois. Hubert de Solages sera ainsi resté captif durant vingt quatre années<ref name="ext"/>.

En même temps qu'Hubert de Solages, sa soeur, Pauline de Solages épouse de Barrau (née en 1740 et qui a 25 ans), est également arrêtée par lettre de cachet demandée par son père et son mari. Pauline de Solages, fille de haut et puissant seigneur messire Antoine Paulin de Solages, chevalier, marquis de Carmaux, seigneur et baron de Maussans et de Rouffiac, seigneur de Saint-Benoît, Puellat, Ferradour, La Guimerie, et autres places, et de feue dame Françoise Marie Guionne de La Roque-Bouillac fille du baron de Bar, avait été mariée par contrat<ref name="Contrat">H. de Barrau, Documents historiques sur le Rouergue ..., tome 2, article de Solages, page 134.</ref> du 22 mai 1759, à messire Jean Antoine de Barrau, de Carcenac, chevalier, fils de messire Pierre Firmin de Barrau, écuyer, seigneur de Trémouilles, de Caplongue et autres lieux, en Rouergue, et de Françoise de Faramond fille du baron de Joqueviel. Le marié a 22 ans et la mariée 19 ans. Celle-ci a deux frères, François et Hubert. Ses parents appartiennent à deux grandes familles de la noblesse du Rouergue et de l'Albigeois.

Pauline de Barrau est enfermée au couvent de L'Isle-d'Albi en Albigeois jusqu'en 1767, puis elle est transférée au couvent des Tiercelettes de Toulouse jusqu'en 1777. Sur la demande de son père et de son oncle, Gabriel de Solages appelé le chevalier de Solages, elle est alors remise en liberté, mais dès 1782, elle est reconduite au couvent, celui de Notre-Dame de Saint-Affrique, en Rouergue. En 1786, après avoir été menacée d'internement à nouveau à Toulouse, elle est finalement conduite dans un couvent de la ville de Castres, en Languedoc.

Une affaire de lettre de cachet non élucidée

Plusieurs motifs officiels ont été invoqués pour ces deux arrestations :

Pour Hubert de Solages : "crimes atroces"<ref name="ext"/>, "action monstrueuse"<ref name="ext"/>, dont l'origine serait le meurtre d'un garde et la subordination de filles et de femmes. Hubert de Solages est accusé d'avoir organisé l'enlèvement de sa sœur sur la demande de cette dernière :"Lasse de vivre toujours en butte aux brutalités d'un époux et victime de ses imaginations outrageantes, je m'étais déterminée à le fuir et à quitter Carcenac dans le Rouergue pour venir me réfugier dans l'Albigeois auprès du marquis de Solages mon père"<ref name="ext"/>. Auguste Puis dit "Il est possible que cet enlèvement, représenté comme un inceste, (...)"<ref name="ext"/>.

Pour Pauline de Solages épouse de Barrau : inconduite et désordres, mauvaises fréquentations, endettement, "pour cause d'aliénation de l'esprit"<ref name="ext"/>, etc. Dans sa correspondance, elle se plaint d'humiliations de la part de son mari, que ce dernier veut l'envoyer au couvent accompagnée de la maréchaussée, et qu'il la soupçonne de liens avec le curé du village à qui elle se confierait, d'où le soupçon de "commerce criminel"<ref name ="ext"/>. Le subdélégué Ginesty dit qu'étant née "demoiselle de qualité"<ref name="ext"/> son mari ne l'entretient pas suffisamment. En 1782, le motif officiel de la nouvelle demande de lettre de cachet sont les "désordres"<ref name="ext"/> de Pauline mais en réalité il semble que ce soit ses protestations contre l'incarcération de son frère<ref name="ext"/> et peut-être d'autres motifs.

Dans son étude, Auguste Puis reprend le dossier sieur et dame de Barrau née de Solages 1776-1782<ref name="ext">Auguste Puis, Les Lettres de cachet à Toulouse au Template:S-, pages 139 à 186.</ref> et parle de l'enquête de Ginesty, subdélégué de l'Intendant du Languedoc. Ce dernier semble privilégier des motifs d'ordre financier en toile de fond de cette affaire. Le subdélégué Ginesty soupçonne des opérations douteuses du mari et de la famille qui voudraient empêcher Hubert de Solages de toucher son héritage. Il dit également que Jean Antoine de Barrau a circonvenu Antoine Paulin de Solages pour la demande de la première lettre de cachet contre Pauline en 1765.

Sur le sieur de Barrau, on sait simplement par Gabriel de Solages, oncle de Pauline, que selon cette dernière son mari est "dur, avare, cruel, injuste, jaloux sans sujet"<ref name ="ext"/> et qu'"il la traite comme une esclave"<ref name ="ext"/> ajoute cet oncle.

Les aspects financiers

Jean Antoine de Barrau est en procès avec son beau-père pour le paiement de la dot de 60 000 livres de Pauline. En 1786, huit ans après la mort d'Antoine Paulin de Solages, marquis de Carmaux, Jean Antoine de Barrau réclamant la part d'héritage de ses enfants fait procéder par un huissier aux quatre criées et à l'encan d'une partie des biens de feu son beau-père, ainsi qu'à l'affichage à la porte des églises des villages concernés<ref>Gabriel Bernet, La dame de Barrau aux Tiercelettes et le 14 juillet du comte de Solages, page 175.</ref>.

Des intrigues

  • Jean Antoine de Barrau voudrait perdre son épouse et le curé de son village, il est de plus en procès contre son beau-père au sujet de la dot de son épouse
  • Antoine Paulin de Solages, manipulé par Jean Antoine de Barrau, ce joint à ce dernier pour faire enfermer sa fille et son fils cadet accusé de soutenir sa sœur
  • Un conseil de famille qui voudrait écarter ce fils de ses droits à succession après le décès de son père en 1778
  • Une nouvelle lettre de cachet à l'encontre de Pauline de Solages épouse de Barrau, en 1782, aux motifs de "désordres", etc., mais qui semblent faux
  • Dans le cadre de l'héritage<ref>Hippolyte de Barrau, Documents historiques sur le Rouergue ..., tome 2, article de Solages, page 135.</ref> d'Antoine Paulin de Solages, Jean Antoine de Barrau aurait un intérêt à ce que Hubert de Solages reste emprisonné

Des zones d'ombre

Auguste Puis fait remarquer que l'héritage d'Antoine Paulin de Solages, marquis de Carmaux, n'est probablement pas si important que prévu car "la seigneurie de Carmaux dut être mise presque totalement en vente"<ref name ="ext"/> et que les mines de houilles de Carmaux sont passées dès 1752 à la branche cadette de la famille. En outre, Hubert de Solages entretient de bonnes relations avec son demi-frère, Jérôme de Solages de Robal, qui est son curateur, et avec son oncle, le chevalier de Solages qui l'aidera à sa sortie de la Bastille.

En 1782, Pauline de Barrau s'exprime ainsi : "(...) ce qui me console un peu c'est qu'il ne peut s'en prendre qu'à lui-même et à l'horrible vexation sous laquelle il me fait gémir ainsi que mon pauvre frère, sa méchanceté est si étendue que j'ai un pressentiment qu'il me noircisse auprès de notre prélat qui, dit-on, arrive aujourd'hui ; s'il le fait, assurément j'ai un remède dont j'userai avec la plus grande peine et qui produira l'effet je l'espère de lui fermer pour jamais la porte de l'archevêché ; (...)." (...) "Qu'il en coûte à mon cœur d'être forcée pour ma défense de révéler un mystère affreux, dont par le plus horrible complot on veut me rendre une seconde fois la victime, parce que pleinement convaincue de l'innocence de mon trop malheureux frère, je ne cesse de réclamer en sa faveur."<ref name ="ext"/>

Pauline de Solages épouse de Barrau parle de plusieurs persécuteurs désignant semble-t-il son mari, son père et un conseil de famille.

Auguste Puis, dans ses travaux sur cette affaire, ne rapporte pas de correspondances du sieur de Barrau et du marquis de Solages.

Épilogue

Antoine Paulin de Solages décèdera en 1778, Jean Antoine de Barrau en 1798, Pauline de Solages épouse de Barrau au début du Template:S- et Hubert de Solages le 2 octobre 1824. Leur frère aîné, François de Solages, était mort en 1763 sans descendance et la postérité issue du deuxième mariage d'Antoine Paulin de Solages s'éteignant au Template:S-, seule la descendance de Pauline de Solages se perpétuera<ref name="Contrat">H. de Barrau, Documents historiques sur le Rouergue ..., tome 2, article de Solages, page 134.</ref>Template:,<ref>H. de Barrau, Documents historiques sur le Rouergue ..., tome 4, article de Barrau, page 99.</ref>.

Commentaires

  • "L'affaire de Solages peut prendre rang parmi les histoires les plus célèbres de lettres de cachet, entre celle de Latude et celle du marquis de Sade. Et elle a passionné presque au même titre nombre d'érudits, de chercheurs et de curieux. Elle est intéressante d'abord par le mystère qui plane encore sur toute cette ténébreuse machination ; ce mystère peut-il s'éclairer quelque peu à la lumière des pièces des Archives de la Haute-Garonne, que nous publions, à la suite, intégralement ? Elle nous montre en tous cas, sur le vif, l'action modératrice et éclairée d'un subdélégué intelligent, Ginesty, juriste probe et pénétrant ; action inefficace, du reste, car elle paraît se heurter à des préventions puissantes, à cette sorte de force d'inertie qu'oppose l'administration quand elle s'aperçoit d'une faute lourde ou d'une grande injustice, et aussi à un réseau compliqué d'intrigues."<ref name="ext">Auguste Puis, Les Lettres de cachet à Toulouse au Template:S-, pages 139 à 186.</ref>
  • "(...). Moins romanesque, mais d'un plus grand intérêt pour notre histoire locale est l'affaire de Solages - N<ref>Le nom de la famille de Barrau est passé sous silence dans le compte-rendu de cette séance de la société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron.</ref>.. Elle peut prendre rang parmi les histoires les plus célèbres des lettres de cachet, entre celle de Latude et du marquis de Sade. Monsieur Puis ayant publié, dans l'ouvrage cité plus haut, ce curieux dossier, nous nous sommes bornés à l'analyser devant nos collègues de la Société des Lettres et à leur signaler quelques faits qui présentent un certain intérêt pour l'histoire sociale du Rouergue."<ref>Procès-verbaux des séances de la société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tomes 27-28, années 1918-1921, communication présentée par H. Guilhamon, pages 138 à 142.</ref>

Les lettres de cachet

Au Template:S-, le département des lettres de cachet est attribué à un secrétaire d'État dépendant du garde des sceaux : Jérôme Phélypeaux, comte de Pontchartrain ; Louis Phélypeaux de Saint-Florentin, comte puis duc de la Vrillière ; Guillaume de Lamoignon de Malesherbes en 1775 ; Louis-Auguste Le Tonnelier, baron de Breteuil, de 1777 à la Révolution française.

En province, dans l'instruction des demandes les intendants s'appuient sur l'avis de leurs subdélégués.

Notes et références

<references/>

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Gabriel Bernet, La dame de Barrau aux Tiercelettes et le 14 juillet du comte de Solages (Cf. L'Auta, organe de la société "Les toulousains de Toulouse et amis du vieux Toulouse", juin 1989, pages 164 à 177. Gabriel Bernet se réfère notamment aux archives départementales du Tarn.)
  • Frantz Funck-Brentano, Les Lettres de cachet à Paris : étude, suivie d'une liste des prisonniers de la Bastille (1659-1789)
  • Auguste Puis, Les Lettres de cachet à Toulouse au dix-huitième siècle (D'après les documents conservés aux Archives départementales)
  • L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, 15 août 1899, article d'Alfred Bégis





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