Guillaume Apollinaire's preface to Erotika Biblion  

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Guillaume Apollinaire's preface to Erotika Biblion is quoted here from L'oeuvre libertine du Comte de Mirabeau. It also features the Letter concerning the Erotika Biblion.

Full text

Cependant, le doute n'est pas possible. Mirabeau a écrit aussi bien Ma Conversion que Erotika Biblion.

Les trois lettres [from the Letters to Sophie] du 21 février, du 5 et du 26 mars 1780 le démontrent assez.

Le 21 février, Mirabeau écrit à Sophie :

« Ce que je ne t'envoie pas, c'est un roman tout à fait fou que je fais et intitulé Ma Conversion. Le premier alinéa te donnera une idée du sujet et t'apprendra en même temps quelle fidélité je te prépare:

Jusqu'ici, mon ami, j'ai été un vaurien ; j'ai couru les beautés; j'ai fait le difficile; à présent, la vertu rentre dans mon cœur; je ne veux plus que pour de l'argent; je vais m'afficher étalon juré des femmes sur le retour et je leur apprendrais à jouer du ... à tant par mois.

Tu ne saurais croire combien ce cadre, qui ne semble rien, amène de portraits et de contrastes plaisants; toutes les sortes de femmes, tous les états y passent tour à tour; l'idée en est folle, mais les détails en sont charmants et je te le lirai quelque jour, au risque de me faire arracher les yeux. J'ai déjà passé en revue la financière, la prude, la dévote, la présidente, la négociante, les femmes de cour, la vieillesse. J'en suis aux filles ; c'est une bonne charge et un vrai livre de morale. »

Le 5 mars, Mirabeau reparle avec complaisance de son roman :

« Mon amie si bonne, nous sommes fort arriérés; mais je travaille tant que, j'espère, nous aurons bientôt de l'argent. Tibulle va être livré, les Contes et les Baisers le sont; Boccace est entre mes mains, et Ma Conversion avance. Je fais, pour ce roman qui est absolument neuf et qui, si j'étais libraire, ferait ma fortune, des sujets d'estampes qui ne ressembleront à aucunes et seront, je m'en flatte, très jolies. Comptez sur mes bontés, madame; je daignerai vous réserver toujours quelques bons moments, et si je fais beaucoup pour ma bourse, je ferai aussi quelque chose pour mon cœur. Si tu veux passer sur des mots un peu fermes et sur des peintures très libres, mais très vraies de nos mœurs, de notre corruption, de notre libertinage, je t'enverrai ce roman, qui est moins frivole que l'on ne croirait au premier coup d'œil. Depuis les femmes de cour, qui y sont cavées à fond, j'ai fini les religieuses et les filles d'opéra; j'en suis, par occasion, aux moines; de là je me marierai, puis je ferai peut-être un petit tour aux enfers (où je coucherai avec Proserpine) pour y entendre de drôles de confessions Tout ce que je puis te dire, c'est que c'est une folie singulièrement neuve et que je ne puis relire sans rire. »

Enfin, le 26 mars Mirabeau annonce à Sophie qu'il lui envoie Ma Conversion :

« Quant au manuscrit que tu demandes, je l'envoie au bon ange, avec prière de te le faire passer. Garde-le le moins que lu pourras. Je ne puis y joindre ni la seconde partie, ni la feuille que j'ai retirée du corps de l'ouvrage. Ce sont des choses de nature à ce que M. B... ne puisse les passer.

Hélas ! mon amie, c'est en prison qu'on a besoin de se battre les flancs pour être gai et de se forcer à l'être. Sans cela, on serait bientôt découragé et mort ou fou. Au reste, Ma Conversion est beaucoup plus plaisante que Parapilla (i). C'est, sous une écorce très polissonne, une peinture vivante et même assez morale de nos mœurs et de celles de tous les États. Les femmes de cour, les religieuses et les moines y sont surtout traités à souhait. »

P. Manuel, dans sa préface aux Lettres de Mirabeau (toc. cit.), dit emphatiquement que l'amant de Sophie « fut réduit à broyer les couleurs de PArétin. Et alors parut Le Libertin de qualité ; on ne concevrait pas comment un apôtre de la volupté, le disciple le plus ingénieux qu'ait jamais eu Épicure, qui prêchait si bien que l'Amour perdrait tout à être nu s'il était sale, et que la pudeur doit survivre même à la chasteté, a pu employer les couleurs dégoûtantes du vice ; si, dupe de son imagination qui montrait à sa philanthropie, à travers des sentiers fangeux, un but moral, il ne s'était pas persuadé à lui-même que pour peindre les vices, il fallait les saisir sur le fait et que pour apprendre à des courtisans et à des moines où était la gangrène, la putridité de leurs mœurs, il fallait, sous peine de n'être pas lu, parler le langage des bordels et des halles.

Ma Conversion est l'image des débauches de l'Ile

(i) Poème de Charles Borde tiré de la Novella de l'Angelo Ga- brielle.

de Caprëe. Etait-ce à lui de tenir le pinceau de Pétrone ?

Tout au plus devait-il se permettre L'Erotika Biblion. Là, du moins, avec toute l'érudition de l'Académie des sciences, il couvre des exemples sacrés de l'antiquité les parties honteuses de nos modernes Sardanapales. »

La même année que Ma Conversion parut L'Erotika Biblion. Mirabeau l'avait achevé en 1780. Le 21 octobre de cette année, il écrit à Sophie : «... Je comptais /envoyer aujourd'hui, ma minette bonne, un nouveau manuscrit très singulier, qu'a fait ton infatigable ami, mais la copie que je destine au libraire de M. B... n'est pas finie; et t'ôter à l'avenir l'original, ce serait l'interrompre pour longtemps (1). Ce sera pour la prochaine fois. Il t'amusera : ce sont des sujets bien plaisants, traités avec un sérieux non moins grotesque, mais très décent. Croirais-tu que l'on pourrait faire dans la Bible et l'antiquité des recherches sur l'onanisme, la tribaderie, etc., etc., enfin sur les matières les plus scabreuses qu'aient traitées les casuistes et rendre tout cela lisible, même au collet le plus monté et parsemé d'idées assez philosophiques? »

Il faut noter en passant qvfErrotika était une faute d'impression qui persiste dans un certain nombre d'éditions de l'ouvrage.

Le manuscrit autographe de Mirabeau a appartenu à M. Solar et a été vendu i5o francs. Il était in-4°.

(1) Et t'ôter à l'avenir l'original, ce serait l'interrompre pour longtemps. Cette phrase est obscure. Elle a toujours été supprimée par les commentateurs, qui ont souvent cité cette lettre d'après le recueil de Lettres originales de Mirabeau, publié par Manuel.

L'Erotlka Biblion est un monument d'impiété très singulier. C'est le fruit des lectures de Mirabeau dans sa prison. Il y lisait avec curiosité et non sans plaisir des ouvrages d'érudition sacrée, d'exégèse biblique : c Avec les rognures des commentaires de Don Calmet, dit un biographe, il composa l' Erotika Biblion, recueil de gravelures, où sont signalés les écarts de l'amour physique chez les différents peuples anciens et particulièrement chez les Juifs et dans lequel, du moins, l'originalité compense l'obscénité de la matière. » '

La première édition parut à Neufeuàlel selon les uns, à Paris selon d'autres. On a assuré qu'il ne se répandit que quatorze exemplaires de la première édition, saisie en presque totalité par la police. Il paraît que l'édition de 1792 fut également traquée, mais un certain nombre d'exemplaires passa à l'étranger. Il en vint même à Rome et le livre fut mis cà l'index le 2 juillet 1794. Le décret qui condamne l'ouvrage en traduit agréablement en latin le titre grec : « Erotika Biblion, id est : Amatoria Bibliorum. »

A propos de Y Erotika Biblion, Lemonnyer (1) cite cet Article découpé d'an journal de V époque :

« 20 août. Il paraît un livre nouveau dont le titre seul est effrayant : il porte Errotika Biblion. A Rome, de l'imprimerie du Vatican, 178.3, volume in-8°. Son objet est de prouver que, malgré la dissolution de nos mœurs, les anciens étaient beaucoup plus corrompus que nous, et l'auteur le fait méthodiquement et par une comparaison suivie, à commencer depuis les Juifs

(1) Bibliographie des ouvrages relatifs à l'amour, aux femmes et au mariage, etc., par M. le C l > d'I... 4' édition revue par J. Lemonnyer. Tome II, Lille, 1895.


compris, ce qui s'établit à leur égard par des citations des livres saints qui ne sont pas fort édifiantes. De là une érudition immense et les tableaux les plus licencieux plus forts que ceux du Portier des Chartreux. Ce livre est fort rare : on prétend qu'il n'y en a eu que quatorze exemplaires distribués dans Paris, et que le reste a été saisi par la police. » Lemonnyer cite encore un autre article :

« 28 novembre i?83. UErrotika Biblion n'a qu'environ 18 feuilles d'impression in-8° et est subdivisé en dix titres d'un seul mot, qui ne sont pas plus intelligibles au commun des lecteurs. Ils formeront comme autant de chapitres séparés, dont la liaison a peine à se découvrir, mais dont le but général est assez celui indiqué de prouver que les anciens nous surpassaient infiniment du côté de la corruption des mœurs : ils sont, dans leur brièveté, remplis de recherches savantes et même infiniment curieuses, qui rendent l'ouvrage aussi érudit qu'agréable.

L'auteur, outre le talent de posséder parfaitement les langues mortes, a celui d'écrire très bien la sienne, de plaisanter légèrement et de singer souvent Voltaire ; dans les tableaux très sales qu'il présente parfois, il se sert toujours d'expressions honnêtes ou techniques; du reste, il paraît fort versé dans l'art des voluptés et en donne des leçons que lui envieraient les Gourdans et les Brissons, en un mot les plus experts en ce genre.

Les éditeurs annoncent dans un avis qu'ils ont du même auteur d'autres manuscrits du même mérite et d'un intérêt non moins piquant, et ils promettent de les livrer incessamment au public ; on ne peut que le désirer avec avidité. »

La préface de l'édition de i833, dite édition du chevalier de Pierrugues (v. Essai bibliographique), contient un excellent résumé de l'ouvrage. Ce résumé sous forme de commentaire ne saurait manquer d'intéresser les curieux et amateurs de lettres.

Le voici :

« Dans le chapitre par lequel il ouvre son écrit immortel, Mirabeau, avec cette finesse d'esprit et ce talent d'observation admirable, ridiculise le système absurde de tous les sectateurs qui, marchant sur les traces de Shackerley, prétendraient, comme le philosophe Maupertuis, soutenir que le phénomène étonnant, cette bande circulaire solide et lumineuse qui entoure à une certaine distance le grobe ou l'anneau de Saturne dans le plan de son équateur, que découvrit Galilée en 1610, était autrefois une mer ; que cette mer s'est endurcie et qu'elle est devenu une rose sur le titre. In-18, 208 pp.




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