Le bal des femmes (Raoul Ponchon)  

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This page Le bal des femmes (Raoul Ponchon) is part of the queer series.Illustration: Toulouse-Lautrec wearing Jane Avril's Feathered Hat and Boa (ca. 1892), photo Maurice Guibert.
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Illustration: Toulouse-Lautrec wearing Jane Avril's Feathered Hat and Boa (ca. 1892), photo Maurice Guibert.

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Raoul Ponchon wrote a poem about the bal des femmes.

It was published in le Courrier Français of March 13, 1892:

Full text[1]

C'était un bien étrange bal, en vérité,
Le bal où nous entrâmes :
Il me sembla d'abord qu'il était fréquenté
Seulement par des femmes.

Et pour qu'on ne pût pas reconnaître leurs traits,
Toutes étaient masquées,
Mais montraient la plupart de leurs autres attraits
En toilettes risquées.

Certaines cependant me laissaient interdit
A cause de leur taille,
Les garces ! qui était si haute qu'on eût dit
Des chevaux de bataille.

Et c'étaient justement, sous leurs lourds affiquets,
Ces géantes gonzesse
Qui semblaient ( j'avais beau allumer mes quinquets)
Avoir le moins de fesses.

C'était un bien étrange bal, en vérité,
Le bal où nous entrâmes,
Sans apparence d'homme : il était agité
Seulement par des femmes.

Des femmes s'amusant ensemble, à la rigueur,
C'est chose assez commune ;
Mais dites qu'elle fut ma surprise, ô mon coeur,
D'en être moi-même une !

J'avais cru jusqu'alors être un pauvre garçon
Qui de son mieux s'acquitte
De ses devoirs ; j'avais pour cela ma raison :
Las ! mon sexe me quitte !

Oui. Comme je passais devant un clair miroir
Je vis que j'étais femme,
Mais une femme, ô dieux ! qui faisait mal à voir ;
J'étais absurde, infâme,

Maquillée au possible, avec un chignon noir
Qu'une rose décore,
J'avais l'air d'avoir fait quarante ans le trottoir
Et de le faire encore.

Mes compagnes n'étaient pas si laides que moi,
Si d'aucune était pire,
Et je sentais mon coeur empli d'un doux émoi
Près d'elles. Qu'est-ce à dire ?...

Je n'étais donc pas si femelle que cela ?
Je m'en doutais, en somme :
D'ailleurs j'avais encore hier quelque chose, là,
De quoi passer pour homme.


*
*... *

Quoi qu'il en soit, bientôt la danse commença
Vive, ardente, légère,
Et ma grille d'égout me disait comme ça :
" Eh ! ma bonne, ma chère,

" Tu ne serais pas mal, mais tu n'as pas beaucoup
De ragoût de poitrine."
A quoi je répondais : " Va, tes fesses de loup
Sont de même farine."

Après avoir sué - ce que c'est que de nous -
Vingt valses, dix quadrilles,
Nous avions, comme on dit, les pieds dans les genoux,
L'estomac dans nos quilles.

On ne peut pas danser, n'est-il pas vrai ? toujours.
Et puis c'est inutile.
Nous variâmes donc par un heureux concours...
Je vous le donne en mille...

Ce concours n'était autre, et je le dis tout bas,
Afin que ces rosières
Jules Simon, Passy ne nous entendent pas,
Qu'un concours de derrières.

Il fallait dans un cadre ouvert à cet effet
Montrer sans nulle frime
Son der... (pardon, Simon !) et le plus beau devait
Recevoir une prime.

Or, j'en vis d'excellents, de moindres, d'effrayants,
De pauvres , de modestes,
De franco-russes, de rose-croix ; des séants
Sans esthétiques gestes.

Les uns évidemment semblaient faits pour l'amour,
D'autres pour l'occulture.
Après ce défilé je voulus à mon tour
Tenter cette aventure.

Faut croire qu'il parut quelconque, veule, éteint,
Tout à fait d'un autre âge,
Car le bougre, malgré qu'il s'efforçât, n'obtint
Pas le moindre suffrage...

Comme on en était là de ces jeux, quel chahut
Vint nous couper la chique ?
C'était ni plus ni moins ton armée, ô Salut !
Menant un bruit bachique,

Qui voulait, au moyen de cantiques sacrés
Et de tambours de basque,
Ramener au bercail nos fessiers égarés,
Impudents, et sans masque.

Elle perdait son temps, bien sûr, car ces messieurs,
Quel que fut leur module,
Semblaient écouter ce qu'on leur disait des cieux
D'une oreille incrédule. 


Nonobstant, dès qu'on vit l'Aurore aux doigts rosés
Sur Montmartre apparoître,
Nos derrières pensifs par la grâce arrosés
S'en furent dans un cloître.

Le mien renonçant aux pratiques du Démon,
Tel un enfant prodigue
Rentra dans le giron d'Auteuil-Passy-Simon,
La belle ligue, ligue...


RAOUL PONCHON




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