Visio Tnugdali  

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(Redirected from The Vision of Tundale)
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Tundale’s legend, in the same order as Dante, treats of Hell, Purgatory and Paradise, and it is to this poem rather than to St. Fursey’s vision that Mussafia and Corazzini emphatically assign the origin of Dante’s Divina Commedia.--"The Celtic Sources of the Divina Commedia" (1896) by Marion Mulhall

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The Visio Tnugdali ("The Vision of Tnugdalus") is a 12th-century religious text reporting the otherworldly vision of the Irish knight Tnugdalus.

It was the most popular example of the medieval genre of infernal literature and had been translated from the original Latin forty-three times into fifteen languages by the 15th century.

The work remained most popular in Germany, with ten different translations into German, and four into Dutch.

With a recent resurgence of scholarly interest in Purgatory following works by Jacques Le Goff, Stephen Greenblatt and others, the vision has attracted increased academic attention.

Contents

The work

The Latin text was written down shortly after 1149 by Brother Marcus, an Irish itinerant monk, in the Scots Monastery, Regensburg. He reports having heard Tnugdalus' account from the knight himself and to have done a translation from the Irish language at the Regensburg abbess' request. The story is set in Cork, Ireland in 1148.

The visio tells of the proud and easygoing knight falling unconscious for three days, during which time an angel guides his soul through Heaven and Hell, experiencing some of the torments of the damned. The angel then charges Tnugdalus to well remember what he has seen and to report it to his fellow men. On recovering possession of his body, Tnugdalus converts to a pious life as a result of his experience.

The Visio Tnugdali with its interest in the topography of the afterlife is situated in a broad Irish tradition of fantastical tales about otherworldly voyages, called immram, as well as in a tradition of Christian afterlife visions, itself influenced by pre-Christian notions of the afterlife. Other important texts from this tradition include the Irish Fís Adamnáin ("The Vision of Adamnán") and Latin texts such as the Visio Pauli ("Vision of Paul"), Visio Thurkilli, Visio Godeschalci, and the Tractatus de Purgatorio Sancti Patricii (an account of a visit to Saint Patrick's Purgatory).

The Latin Tundalus was swiftly and widely transmitted through copies, with 172 manuscripts having been discovered to date. During the Middle Ages, the text was also a template for Middle Low German and Middle High German adaptations such as the rhymed version of "Tundalus" by Alber of Kloster Windberg (around 1190), or the "Niederrheinischer Tundalus" fragments (around 1180/90).

Linking in in 2023

12th century in literature, Christian of Clogher, Draumkvedet, Dream vision, Getty Tondal, Haakon IV, Hell, History of purgatory, Immram, Jacomijne Costers, Jacques Le Goff, Joseph Octave Delepierre, Khandala, Satara, Nigel F. Palmer, Paradise Lost, The Fall of the Damned (Bouts), The Garden of Earthly Delights, The Vision of Adamnán, Tractatus de Purgatorio Sancti Patricii, Très Riches Heures du Duc de Berry, William Barclay Turnbull

Full text of French Delepierre translation

récit mystique du douzième siècle» mx$ en ftattotte pôxxt la ptmïkc foi* par Octave IlETiEPIERBE, ^rfljioiMc î»c la irlanbrc (Dfribrntalf , JlUiitbrc ïtf plusicïiM £ocu : tcs sngantrt, rff. f rte. MONS. TYPOGRAPHIE DE HOYOIS - DERELY, LIBRAIRE. M. PCC. VXXVII



L'homme a toujours fixé ses regards avec quelque inquiétude sur le moment où , cédant à la loi générale de la nature , son corps rentre dans la poussière et son âme retourne dans le sein du créateur. Afin de retenir les méchants et d'encourager les bons , que le monde opprime , chez tous les peuples , on a menacé les uns de souffrances éternelles, et promis aux autres la récompense de leurs vertus dans un monde meil= leur. Mais soit que l'homme , par sa nature, ait une perception bien plus complète de la douleur que de la joie , soit que la description de tour= ments fixe plus son attention que les détails sur le bonheur , on a souvent fait la remarque qu'Homère , Virgile» Le Dante, Mil ton , etc. , ont montré infiniment plus de verve lorsqu'ils ont présenté le tableau du séjour infernal , que lorsqu'ils avaient à peindre les jouissances sans fin des élus. Au moyen -âge , ce cataclysme de transition entre les idées des an= ciens et celles des peuples d'origine moderne , il y eut un instant où ,

O-^VllI^ les arts , les sciences et les lettres ayant presque été anéantis en Eu= rope par le glaive des barbares , les idées se confondirent , et tout ce que la tradition avait conservé du Tartarc et de l'Elysée , des Grecs et des Romains, fut mêlé avec les notions nouvelles apportées par le Christianisme, sur les peines et les récompenses futures. Alors naquirent une foule de légendes plus singulières les unes que les autres. On voit dans ces divers récils toutes les idées populaires des siècles d'ignorance sur l'enfer, le purgatoire et le paradis. Ce n'est pas connaître les hommes , dit Lenglet-Dufresnoy , que de s'imaginer qu'ils se corrigeront par la lecture de pareilles fables , puisque souvent on ne saurait même y parvenir par les vérités les plus claires. C'est ainsi néanmoins qu'on amusait autrefois la simplicité du peuple, et il y avait même du danger à paraître douter de ces aventures merveil= leuses. Il n'en fallait pas davantage pour se faire traiter d'incrédule. On est aujourd'hui plus circonspect , parce qu'on est beaucoup plus éclairé. Une foule de livres nous ont conservé les visions où des vivants eurent la perception des destinées de l'âme , après sa séparation du corps. Une de celles qui eut le plus de réputation , si, l'on en juge par les nombreuses copies qui en furent faites et par des éditions qui en (parurent à l'origine de la découverte de l'imprimerie , fut la vision du (chevalier irlandais Tondal. Elle est aussi celle qui entre dans les plus grands détails , et , sous quelques rapports , elle ne manque point d'une certaine poésie. Aussi est-ce dans cet écrit du douzième siècle que puisèrent le plus souvent ceux qui voulurent par la suite décrire les tourments de l'enfer. Quoique la tradition dir Purgatoire de saint Patrice remonte bien plus haut , nous verrous bientôt que les détails circonstanciés qui nous en restent, sont l'ouvrage d'un cordelier, qui écrivit long-temps après l'époque à laquelle eut lieu la vision de Tondal. Lorsqu'on songe que c'est plus de cent ans plus tard que Le Dante composa son poème , on ne peut s'empêcher d'y voir, sans néanmoins établir aucune comparaison, que la narration que nous publions est pour ainsi dire le germe de l'enfer du poète italien. Il est même des j passages où, le mérite du style à part, Tondal présente des images ] plus terribles et plus justes.

On doit bien se rappeler que l'auteur inconnu de cette vision n'a puisé que dans son imagination, car peu de récits antérieurs donnent les descriptions qne nous trouvons ici avec autant de détails. On peut dire qu'il a réuni en faisceau les idées sur l'enfer, disséminées dans les mille souvenirs de la tradition populaire, et qu'il a brodé sur ce fond. Sans doute , à cause de la vogue dont jouit ce livre , quelques auteurs ont parlé de la vision de Tondal , mais parfois , à ce qu'il parait , sans l'avoir lue , et sans jamais en apprécier le mérite. Prosper Marchand, tome a, page 279, en parlant de Jean xxu, l'auteur de l'institution des taxes de la chancellerie romaine , dit que ce pape appuyait sur le livre de Tondal sa doctrine favorite : que les fidèles ne jouiraient de la vision béatifique , et que les réprouvés ne subiraient le châtiment de leurs crimes , qu'après le jugement dernier. Mais il se trompe, car rien dans la description de l'enfer et du ciel, par le chevalier irlandais, ne tend & établir cette doctrine» Le même auteur fait ensuite observer , avec raison , que Conrad Gessner , Balœus et d'autres , par une bévue bien étrange , ont fait de Tondal un chartreux; mais il n'est pas exact lorsqu'il ajoute que Jacques ( et non pas Jean ) de Glusa , dans son livre : Tractalus de apparitionibus animarum post exilum à corporibus et de earum recep^ taculis, imprimé au 15."* siècle, n'a pas fait jouer le moindre rôle à Tondal, revenu des enfers '. Nous n'avons rien pu trouver dans le travail de ce chartreux , au sujet de ce ebevalier ; seulement il rap- porte deux histoires d'apparitions tirées , l'une des dialogues de saint Grégoire et l'autre des œuvres de Pierre Damien. Peut-être que Marchand ne put se procurer les trois auteurs qu'il cite, ni par conséquent vérifier ce qu'il avance. Ce qui nous le ferait d'autant plus supposer , c'est que Balœus entre dans quelques détails curieux relativement à la matière qui nous occupe , et que le savant conli= nuateur de Bayle n'eût pas manqué d'en profiter. Nous remplirons cette lacune. Voici ce que dit Balœus : 1 1 Soriptorum illustrium majoris Britanniœ, qaam nunc Àngliam et Sco= tiam vocant Catalogua Basile», mdlix, in -fol. , centuria xiv, pag. 241. Brunet dit à juste titre que cet ouvrage est très-rare ; la première partie contient 9 centuries d'écrivains , et la seconde partie, les centuries 10 à 14* Cette dernière manque quelquefois. a

« Tundalus Magus , in Momonia , Australi , Hibernieosis insulae regione natus ac nutritus / génère quidem nobilis erat et eques auratus , sed animo crudelis et atrox fuisse scribitur. Sunt qui istum credant Carthusianum tandem factum : quod quidem bene esse tune poterat, quum ad monachorum claustra tanquam ad malorùm omnium asylum , post vilae turpitudines , aléas, scorta, furta, latrocinia atque homb cidia ab hujusmodi bominibus plerumque concurratur. Prodigiosa enim ac lectu miranda Joannes de Judagine , ejusdem sectae monachus germanus , atque alii papislae referont , pro territandis hominum conscientiis , implendisque eorum insaturabilibus crumenis , nt quod a domino morte subita percussus sit, quia eorum templa cum sacris neglexerit , et quod omnia subterranea inyiserit loca , ad ipsam geben= niam usque , angelos allocutus ac daemones. Talia ad terrorem fingebant 8celesti6simi nebulones pro territandis miserorum conscientiis , ad de=> sperationem usque. Unde reversant demùm ab inferis referont et exoravisse commémorant. Apparitionum suarum liber i , Gum anima mea corpus exueret, etc. « Glaruit Tundalus anno salutis humanae n49, Stepliano rege in Anglia dominante et satana apud Hybernos suas vires exercente. » Gessner, dans sa Bibliothèque, se contente de rapporter 1 que : Tundalus Hybernus Gassellensis Garlhusianus scripsit apparitionum suarum lib. i, yixit anno domini n49«  On ignore quel est l'auteur de cette espèce de roman mystique ; nous pensons avec Lambinet qu'il fut d'abord composé en latin. Ge qui est certain , c'est que cet ouvrage est fort ancien , car parmi le nombre de copies qui en existent , plusieurs portent le caractère du i4. B * siècle, et l'on sait combien de temps il fallait à cette époque pour qu'un livre se répandit en Europe. Afin que le lecteur soit plus à même de porter un jugement sur la vision de Tondal , nous rapporterons , comme points de comparaison , •quelques-uns des récits du moyen -âge, dans lesquels on a donné le plus de détails sur les peines et les récompenses de la vie à venir.

  • Conrad Ge&nwu», Bibliothecainstituta et collecta Tiguri,158Z f p. 807, col. 2.

Ces extraits auront peut-être , pour le plus grand nombre, le mérite de la nouveauté, étant puisés dans des livres généralement assez peu lus. Un des plus anciens récits de ce genre est la vision de Charles-le= Chauve, qui devint roi de France en 84o. Elle se trouve dans un manuscrit de la bibliothèque du Roi , et la narration en est attribuée à ce monarque lui-môme. Lenglet-Dufresnoy, tome i. cr , première partie, en rapporte le texte et la traduction* k «Une nuit de dimanche, y est -il dit, une voix terrible vint frapper •mes oreilles. Charles, criait cette voix, ton esprit va quitter ton corps , tu viendras et verras les jugements de Dieu I A l'instant je fus ravi en esprit (fui raptus in spiritu). Mon guide me mit dans la main un peloton de fil d'or , d'où sortait un faisceau de lumière semblable à celle d'une comète. 11 me conduisit dans des vallées profondes remplies de feux et pleines de puits , où Ton voyait bouillir de la poix , du soufre , du plomb , de la cire et d'autres matières. Tandis que. je regardais ce spectacle, d'affreux démons vinrent fondre sur moi, et, avec des crochets de fer rouge , voulaient se saisir du peloton de fil , puis faisaient des efforts pour me précipiter dans un des puits de soufre. « Les deux personnages sortent de là et se rendent sur de hautes mon= tagnes d'où sortent des torrents de feux qui faisaient fondre et bouillir toutes sortes de métaux. Le roi trouve en ce lieu les âmes des seigneurs qui avaient servi son père et ses frères. Les uns étaient plongés dans les métaux fondus, jusques aux cheveux , d'autres jusqu'au menton , et d'autres jusqu'à mi-corps. Eu sortant de ces fournaises , ils étaient livrés à la gueule enflammée de dragons , qui les engloutissaient. Charles se rend enfin dans un superbe vallon où il voit toute la gloire du paradis , et finalement son âme rentre dans son corps. » Dans unlivfe imprimé par Robert Étienne, en i5i3, in-folio, et in= titulè : Liber trium virorum et trium spiritualium virginum , on rapporte que, dans le couvent de Saint-Vincent de Metz (fondé en 968), un des frères, nommé Uguetin , eut une vision dans laquelle un ange , vêtu de blanc, enleva son âme sur d'immenses montagnes , semblables à du marbre qu'entourait un fleuve de feu , où était enfermée une foule de

M, damnés soumis à diverses sortes de tourments 1 . L'ange lai montre ensuite la gloire des saints et des saintes dans le paradis, et lai dorfne des conseils sur la manière dont les moines doivent se conduire. * Le recueil assez rare que nous venons de citer, est d'autant plus curieux qu'il ne s'en trouve point qui contienne tant de visions, de révélations et de descriptions de l'enfer et du paradis. On peut consulter la page 3i , pour se faire une idée de la modestie de cette époque, en se rappelant que c'est une vierge qui parle, sainte Hildegarde. Sous le règne de Richard i. er , en 1196, un moine d'Evesham eut une vision , que nous a conservée Mathieu Paris 8 avec des détails assez singuliers, dont quelques-uns ressemblent assez à ce que raconte Tondal. Ce moine voit dans les enfers une troupe innombrable d'âmes de tout sexe , de toute condition. Des ongles brûlants déchiraient , jusqu'aux os , les membres des uns , les autres étaient jetés dans des chaudières de poix , de soufre , d'airain , et d'autres métaux liquéfiés, qui exhalaient une odeur d'une fétidité intolérable* Ceux-ci étaient rongés par les dents envenimées de vers monstrueux, ceux-là broyés sous des pilons. Ensuite il franchit d'un pas léger et rapide une immense montagne. De l'autre côté , il y avait une vaste et ténébreuse caverne au milieu 1 In quibus plurimos la m minons quam majoris ordinis sacerdotii stantes dorso slipitibus inhœrentes in igne stricti loris ligatos viderat. Ipsas quoque feminas ab eis stupratas, consimili modo constrictas, ante eos, in eodem igne, usque ad loca genilalium diversos. Die tu m que est ei ab angelo qood sine intermissione semper in locis genitalibus magisjeederentur.

  • In nullo tamen Deûs magis offenditur quam cum contra naturam

peccatnr , et ideo mullâ vigilantià certandum est omnibus in locis ne scelere sodomitico Dei habitacalum vertetur in delubra dsmonum. Non solùm enim, inquit angélus, hic morbus virulenta conlagione irrepens inficit animas inter se conenbitu mascnlornm pollutas, sed etiam in conjugatis mnlliplici peste concreta ravenitur ; dùm in rabiem vexatione libidinis versi et instincta daemomim agitati, aatar» bonam à Deo concessum in uxoribus propriis perdant, ita ut toro immaculato in stupri macula m verso , ambo prostituti daemonibus fiant. , 5 Page 129 de l'ëdit. de Paris , 1644.

d'an grand lac. Sur la rive s'élevait un bûcher lançant des flammes jusqu'au ciel , et à côté des amas de neige et de glace , constamment battus par la grêle et un vent épouvantable. Ces lieux étaient remplis d'âmes aussi nombreuses que les abeilles autour d'une niche. Tour à tour elles étaient lancées du fen dans la glace et de la glace dans les flammes. Dans un troisième lien, le moine et son guide trouvent ceux qui se sont souillés de crimes contre nature 1 . Les bienheureux jouissent de la béatitude céleste , en passant également dans trois lieux différents. Enfin l'âme rentre dans son enveloppe mortelle , le moine se réveille , se lève , et raconte à ses frères ce qu'il a vu. De tous les récits sur la matière que nous traitons , aucun n'a fait plus de bruit que l'histoire du purgatoire de saint Patrice , dont il est déjà question au onzième siècle , quoiqu'elle n'ait été mise par écrit et développée que bien plus tard, par un cordelier, qui a évidemment souvent imité la vision de Tondal. On peut voir dans l'ouvrage intitulé : Ordres monastiques, histoire extraite de tous les auteurs qui ont conservé à la postérité ce qu'il y a de plus curieux dans chaque ordre, îyfa , tome a, combien d'auteurs ont parlé du purgatoire de saint Patrice ! Au treizième siècle , cette fiction a fourni à Marie de France le sujet d'une espèce de conte de plus de 3ooo vers. Campden, page 596, rapporte qu'au milieu de l'espèce de lac que forme vers sa source la rivière de Liffer, en Irlande, il se trouve une île où l'on voit, près d'un petit monastère , une caverne étroite et fameuse par les spectres qu'on prétendait qui y apparaissaient. On lui avait donné le nom de purgatoire de saint Patrice , parce que ce saint avait, dit-on, obtenu que les peines réservées aux impies dans l'autre monde, y pussent être rendues visibles, afin de convaincre l'incrédulité des • Hos monstra quœdam ingentia, igneam qualitatem praeferentia, visu au te m saper omnia quae excogitari valent horrenda , jugiter impetebant; et qnamvis renitentes ac f efugientès sibi génère abùsionis damnabilis permis= ceri cogebantnr. Ita enira inter nefandos amplexos, pr» nimio dolore, palpilabant, rngiebant etejulabant, et deindè exanimati, et in mortem déficientes, collabebantur. Horreo referons, et sceleris obscenitate in memet ipso snpra modnm confandor.

Irlandais. Il y avait encore , dit le même auteur, an antre purgatoire, celui de Brendan ; mais il n'a pu trouver cét endroit dont font mention les deux distiques suivants : À l'article Irlande , Bruzen La Martinière annonce qu'il exposera au mot Purgatoire, ridée que Ton avait de celui de saint Patrice et ce qu'on y a trouvé, lorsqu'on y a fait une exacte recherche ; mais le mot Purgatoire ne se trouve point dans son dictionnaire ; seulement au mot Patriciifntrgatorium, il cite le coort passage de Campden, que l'on vient de lire. Quoiqu'il en soit , voici la tradition à ce sujet , telle que le cordelier dont nous avons parlé ci-dessus , la mit par écrit : , « Un certain Ennius, après s'être longuement préparé par des jeûnes, des veilles et des prières , pénètre dans la caverne qui doit le conduire en enfer. Il y voit étendus dans une vaste plaine, les corps des damnés, les uns entourés de dragons qui leur déchirent les chairs , les autres plongés dans des tas de neige , au - dessus desquels se tenaient des bourreaux qui leur enfonçaient des aiguilles rougies dans tous les membres. D'autres encore étaient attachés par les pieds avec des chaînes ardentes, à une roue garnie de pointes de fer, la tête posée sur des foyers de soufre. Lorsque les démons donnaient le branle à la roue , les corps de ces infortunés étaient mis en pièces. Un peu plus avant, on voyait une maison fort élevée, où il y avait deux bains, l'un d'huile et de poix bouillante, l'autre de glace et de neige, dans lesquels étaient alternativement plongés les condamnés. Au haut de ces bains, des sentinelles armées de fourches et de piques empêchaient qu'aucun d'eux ne mit la tête dehors. « Au sortir du purgatoire, pour visiter le paradis, une multitude « prodigieuse de démons vint attaquer Ennius pour le faire retourner sur ses pas. « A la tête de cette troupe infernale était Sataniel, suivi de Bèhèmot. Asserit esse locnm soleranis fama dicatum Brendano r quo lux lucida saepe micaU Purgandas animas datur hio transire per ignés Ut dignae facie jndicis esse queant. Celui-ci était ua monstre horrible à la tête de dragon. La poitrine et le ventre étaient d'un vautour, et la partie inférieure du corps d'un lion. L'autre était un géant prodigieux , dont les pieds plongeaient dans les abîmes et dont la tête se perdait dans les nues. Quand il respirait , on aurait dit que c'était le mont Etna qui vomissait des feux et des flammes. Ennius, sorti victorieux de cette attaque, ne fut pas moins em= barrassê parce qu'il fallait passer le fleuve Techelor. Il n'y avait qu'un petit pont d'une hauteur prodigieuse , fait d'une seule glace si polie qu'on pouvait à peine s'y tenir debout. De plus, ce pont était mobile, tantôt montant , tantôt se baissant , et sans le moindre appui. Il régnait en ce lieu un vent impétueux capable de renverser les plus forts èdi= fices. Au-dessous du pont ce n'était que précipices affreux remplis d'une infinité de serpents et de reptiles, dont les sifflements horribles jetaient dans les cœurs l'effroi et l'épouvante. Ils s'élevaient du fond de l'abîme, afin d'atteindre ceux qui passaient sur le pont et de les précipiter dans ces gouffres épouvantables. « Ayant eu le bonheur de franchir ce pas difficile, Ennius arrive au séjour des bienheureux. C'est un palais où l'on ne voit briller que les pierreries , l'or et l'argent. Le soleil dans toute sa splendeur n'a pas plus d'éclat. A l'approche d'Ennius, la porte, faite d'un seul diamant, s'ouvrit et il en sortit une procession de saints personnages, vêtus de lon= gues robes flottantes , plus blanches que la neige , enrichies de perles et d'émeraudes, et chacun portait une petite tunique d'argent. Au milieu marchaient des chœurs d'anges et de séraphins qui entonnaient des cantiques de joie. oc Après avoir tout examiné, notre voyageur revint en ce monde et raconta ce qu'il avait vu. » On peut consulter , au sujet du Trou de saint Patrice , les historiens ecclésiastiques d'Irlande , et notamment Colgan , et la Nouvelle Histoire ecclésiastique d'Irlande , du docteur Lanigan , de Dublin , écrite avec beaucoup de jugement et d'esprit de critique. Dans unlivre très-curieux, contenant environ onze cents contes pieux, et intitulé : Promptuarium exemplorum discipuli, par Jean Herolt, do= minicain, nous avons rencontré une vision fort remarquable par le

caractère ironique» nous allions presque dire plaisant , qu'on y donne au prince des ténèbres et à sa cour. Dans les mélanges de l'abbé d'Artigny, tome 3, page 237 , on peut yoir un article sur ce livre. Nous ferons observer ici en passant que ce savant se trompe en avançant que l'auteur est anonyme. Il est possible que l'édition iu-8.* ne porte pas de nom; mais celle in-4-° dit bien expressément que les sermons et les promptuarium furent composés par Jean Hérolt. A cause de sa singularité , nous croyons pouvoir encore citer cette vision avec laquelle nous mettrons fin à ces points de rappro? chements avec Tondal. « Dans la ville de Meydebourg, métropole de la Saxe, un certain Udon fut élu archevêque, à cause de sa science et de son éloquence. Après avoir quelque temps suivi les préceptes de la vertu, il s'abandonna peu-à-peu à toutes sortes de vices, quia honores mutant mores , dit le légendaire* « Une nuit qu'il était couché avec l'abbesse du couvent de Hosterlotz, de l'ordre de Citeaux , il entendit une voix terrible qui cria : Fae finem ludo, quia lusisU satis , Udo l « Cette voix se fit entendre trois nuits de suite , mais le pécheur no se corrigea point. « Un chanoine de la métropole, affligé de ce scandale, était une nuit à prier dans le chœur de l'église , afin que Dieu voulut enlever Udon de ce monde ou le corriger, lorsque tout- à -coup il eut une vision. Il vit toute la cour céleste se réunir dans l'église et demander à genoux que Jésus voulut porter un jugement. On fit comparaître l'archevêque % auquel saint Maurice reprocha tous ses crimes. Ensuite il fut condamné à avoir le poignet et la tête tranchés, ce qui fut exécuté. Après cela tout l'auditoire disparut. Il est à remarquer qae le chanoine dont nous venons de parler, ne vit pas cette scène en songe , mais les yeux bien ouverts , ce dont il donna des preuves palpables à toute le communauté , aussi- tôt que le jour parut. « Peu de jours après, un chapelain appelé Brunon, chargé d'un message secret pour l'archevêque , qui méditait sans doute quelque nouveau ■ Adduxerunt miserum Udonem, trahentes eum de latere abbatissœ; apud quam cubantem, quum opus nefandnm libidinosœ commotionis exercuisset.

XVltë-€> crime sortait de la ville à cheval, lorsque, saisi subitement d'une somnolence insurmontable , il descendit de son destrier, dont il attacha la bride aux branches d'un arbre bien touffu , et s'endormit. Au même instant il aperçut une troupe de démons , s'a vançant à pas précipités, armés de bâtons, d'épées , de lances , de haches , etc. Ils construisirent un trône, et l'un d'eux, d'une taille gigantesque et d'un aspect épouvan= table, s'y plaça. Bientôt une autre troupe parut , jetant de grand cris, et poussant d'horribles éclats de rire. Quelques-uns volaient en avant avec la rapidité de l'aigle, disant : « Place! Place! Voici notre prince Udon qui s'approche. A ces mots le chapelain vit les satellites de Satan amener devant leur souverain l'âme de ce coupable, chargée de chaînes enflammées. Satan se leva à son arrivée , le salua : « Sois le bien-venu , lui dit-il, ô toi le grand appui de notre empire ! nous avons autorisé nos amis* et nos féaux à te donner la récompense de tes services. L'horreur rendait le malheureux Udon muet. Satan ajouta , s'adressant aux assis= tants : Notre très-amè s'est fatigué en venant jusqu'ici. Nous ordonnons qu'on lui procure toute satisfaction. Apportez-lui donc à manger. Le coupable secouait la tête en signe de refus , et détournait le visage ; mais les serviteurs de la cour infernale lui enfoncèrent dans la bouche des serpents et d'autres animaux venimeux , et lui versèrent dans le gosier du; soufre liquide. Après cette torture , comme il gardait tou= jours le silence , Satan prit de nouveau la parole : Un tel personnage doit recevoir un bain de prince ; qu'on l'y conduise , puis, qu'on le ramène ici ! « A peu de distance se trouvait un puits couvert. Dès qu'on eût ôlè le couvercle, une flamme dévorante s'en élança jusqu'au ciel , consumant comme la paille , non seulement les arbres , les montagnes et les ro- chers voisins , mais encore les eaux qui coulaient aux environs. L'âme d'Udon fut précipitée dans ce puits, et en fut retirée toute enflammée et semblable à du fer rouge, pour être reconduite devant le prince des ténèbres (inmodum fèrrei candentis et totam igneam extraherunt). Celui-ci dit en souriant : N'as-tu pas eu un bain délicieux, 6 prince, notre a Propriae salulis immemor, non solum feminas seculares, sed et velatas violare cœpit.

•f'xVIII^-© compagnon ? Udon voyant bien qu'il était damné, se mit à blasphémer : Sois maudit , 6 Satan! s'écria-t-il , toi , la race et tes abominables sug= gestions ! Maudit soit ton empire ! Maudit soit le Dieu qui me créa t Maudite soit la terre qui m'a porté I Maudits soient les parents qui me donnèrent le jour ! Et maudite soit toute. créature , dans le ciel comme sur la terre !! A ces mots tous les démons et leur roi battirent des mains en riant, et dirent : Il est vraiment digne d'habiter parmi nous, car il connaît parfaitement nos cantiques et notre office 1 Envoyons-le donc à la principale de nos écoles des damnés , afin qu'il voie , qu'il entende, qu'îl apprenne , qu'il éprouve tout, et ne nous quitte jamais plus, in se- cula seculorum ! « Ces paroles étaient à peine prononcées que tous les démons se jetè= rent en masse sur le coupable, et, le lançant avec impétuosité dans le Tartare, le plongèrent dans les gouffres infernaux, où il se fit un tel fracas qu'on eût dit que le ciel , la terre et toutes ses montagnes s'entrecho= quaient. « Le chapelain à ce spectacle trembla de tous ses membres et jeta un cri perçant. Le prince des démons l'apercevant alors : Prenez garde, cria-t-il, en le montrant du doigt , que ce clerc, qui nous regarde , ne nous échappe ! 11 a souvent été le complice du mal , et puisqu'il a pris part aux crimes , qu'il partage aussi la punition ! Qu'on le prèci* pite dans le puits I Prompts à exécuter cet ordre, les démons s'élan- cèrent ; mais le chapelain se hâta de fuir à toutes jambes. En ce moment la frayeur le réveilla , et il s'aperçut que son cheval s'était mis à sauter de çà et de là pour se détacher, et lui avait démis l'épaule par ses soubresauts. Se replaçant à grand'peine en selle , il regagna la ville, où ayant appris qu'Udon venait de mourir, il raconta la vision qu'il avait eue, et fut si frappé de ces événements que soudainement ses cheveux blanchirent. » Nous terminerons cette introduction par l'exposé de ce que les bibliographes ont dit sur les différentes éditions de la vision de TondaL Brunet 1 fait d'abord mention de l'édition flamande, très-rare, impri= mèe à Anvers chez Mathys ^an der Goes, 1 47 2 , petit in-4«% et il partage 1 Tome 3, page 467.

l'opinion de Mercier, Lambinet et autres sur la fausseté de cette date. Nous reviendrons tout- à- l'heure sur ce point. Le même bibliographe cite encore l'édition latine de 28 feuillets, sans nom de lieu , ni date, qu'on suppose imprimée vers , petit in-4»% avec figures en bois très-singulières , ainsi que celle sans figures , peut-être plus ancienne , de 20 feuillets en tout , et une troisième de 18 feuillets , caractères de Ter Hoernen , décrits dans la Bibliotheca Spenceriana, tome 4> n«" 790. Anvers obtiendrait la palme de la primauté typographique sur toutes les autres villes de la Belgique , dit Lambinet ' , si l'on voulait ad- mettre l'authenticité de la date de 1472, qui se trouve avec le nom de l'imprimeur Van der Goes sur l'édition de Tondal dont nous venons de parler. Elle n'a , ajouta-t-il , ni la forme, ni l'empreinte, ni le coup d'œil de celles qui ont été faites à cette époque. D'ailleurs il y a une interruption de dix ans dans la main d'oeuvre de cet artiste, depuis 1472 jusqu'en 1482. Il croit que Van der Goes , jaloux d'acquérir dans son pays les honneurs de la typographie , aura imprimé ce livre avec la date de 1472, qu'il aura tiré à peu d'exemplaires et qu'il aura laissé reposer dans son magasin, afin de faire préjuger, après sa mort; sa priorité sur les autres imprimeurs ses contemporains. La Sema Santander a allègue d'autres raisons pour appuyer l'opinion de la fausseté de cette date , et établit que c'est une faute typographique. Cependant , ces suppositions ne sont pas de nature à asseoir un jugement définitif , car il est fort possible que Van der Goes ait tra^ vaillé à Anvers avant 1482 , quoiqu'il n'y ait été reçu comme membre de la confrérie de Saint-Luc qu'en 1487, ainsi que le dé= montre M. r Willems dans son article sur les Printers d'Anvers, dans le Vriend den vaderland 5 . Dans l'histoire de nos premiers typographes , il restera toujours beaucoup de vague et d'incertitude. Ce volume phœnix, de 1472, passa de la bibliothèque de M.' le chanoine De 1 Origine de l'Imprimerie, tome 2, page 251. ' Dictionnaire bibliographique du 15. me siècle, tome i. er , page 347, et tome 3, page 401. 5 Jaargang 11, n.° ix.

Gasparoli , & Anvers, en la possession de Richard Heber , le fameui bibliomane. Il a dû être vendu dernièrement à Londres; nous ignorons qui en fit l'acquisition. Les visions de Tondal paraissent d'abord avoir été composées et imprimées en latin , mais elles furent bientôt traduites en flamand et en français. En Hollande , cèt ouvrage a été imprimé plusieurs fois en i484 et années suivantes; il en existe en outre plusieurs copies ma= nuscrttès sur vélin, écriture du i4. me et du i5. me siècle. M.' Van Hulthem en possédait une , et nous en avons une autre , en petit format carré , d'une assez jolie écriture*

TABLE ALPHABÉTIQUE DES OUVRAGES LES PLUS CURIEUX SUA LES VISIONS» 1. Arnoux. Des merveilles de Vautré mondé. In-ia, Rouen, iÇ3o. — Ce livre est écrit dans un goût bizarre et singulier, très-propre à faire naître dans l'imagination des idées de visions et d'apparitions. 2. Boom. La démonomanie des sorciers, par Jean Bodin. In -4.° Paris, i58o. 3. Le fléau des démons, par le même. — Il y a beaucoup de crédulité dans ces deux traités ; ce qui est assez étonnant dans un auteur tel que Bodin. 4. Sanct. Brigittoe. Revelationes ex recensione cardinaUs de turrecremata. In-folio , Lubek , Rome et Anvers. 5. Ghapput (Gabriel). Des fantômes, visions, esprits incubés et succubes enchanteurs, etc. In-8.°, Lyon, i58i. — C'est la troisième journée de l'Exameron d'Antoine de Torquemada. Il y a quelques curiosités dans cet écrit. L'auteur est extrêmement crédule. 6. CAlmet ( Dom Augustin ). Dissertations sur tes apparitions et posses- sions. In-4«° 7. Colin de Plancy. Dictionnaire infernal, 2 vol. in-8.° , et 4 vol. in-8.° — Cet auteur est malheureusement fort inexact dans ses citations. 8. Cantipratani (Thomae). Miraculorum et exemplorum, libriduo. — Ce livre a eu un grand nombre d'éditions , quoiqu'il ne soit pas plus édi= fiant que celui de Césaire d'Heisterbach, dont nous parlerons ci-après. L'auteur vivait vers 1246. 9. De Lancée. Tableau de Vinconstanee des mauvais anges et démons , des sorciers et de la sorcellerie. In-4.% Paris, 1619 et 161 3.

<\SlSL3Lc 10. L'incrédulité et mescrêance' du sortilège pleinement convaincue , par le môme. In-4-°, Paris , 1622. —Cet auteur a joui de beaucoup de réputa» tion, sans doute à cause de sa grande crédulité. 11. Delrio (Martin). Controverses et recherches magiques; traduit du latin, par André Duchesne. In-8.°, Paris, 1611. — C'est un ouvrage curieux. 12. De Clusa. Tractatus de apparitionibus animorum post exitum à corpo- ribus et de carum receptaculis. Imprimé à Burchdoff ( en Suisse ) , en i475, in-folio. 13. Flatin. De l'état des âmes trépassées, In-8.% Paris, 1579. 14. Flotildoe. Visiones et summa, tomo a. 0 script orum historiœ Francorum And. Duchesne. In-folio, Paris, 1626. 15. Glantillb. Of witches and apparitions. In-8.% Lond., 1700. 16. Gbosius Henningus, bibliopola. Magica seu mirabilium historiarum de spectris et apparitionibus spirltuum, etc. , libri duo. In-4*°» i^97* 17. Histoire du diable In-12. Amsterd. , 1729, a vol.; Rouen , 1730 , 2 vol. — Ce livre n*a pas fait grande fortune. 18. Hockerius. Diabolus ipse , seu dediabolis 9 de incantationibus , prœsti= giis, deinferno, etc. In -8.°, 1627. 19. Heisterbac (Cœsarius). De miraculis et historiis mirabilibus , libri xn. In-4°, vers 1 5 00; in-8.°, 1599 et 1600. — Livre plein de visions, d'ap= paritions , dont les exemples sont très-mal choisis et peu propres à édifier. Cet auteur vivait en 1220, temps où l'on n'était pas fort diffi= ci le sur les faits historiques. 20. Lenglet-Dufresxov. Traité historique et dogmatique sur les appari= tions, Us visions, etc. In-12, Avignon ou Paris, i?5i , 2 vol. 21. Recueil de dissertations anciennes et nouvelles sur les apparitions , Us, visions, etc.; par le même. Deux parties, 4 volumes. — Ces deux ouvrages peuvent être mis au rang des meilleurs sur la matière , et sont très-curieux. 22. Lelover. Discours des spectres, ou visions et apparitions d'esprits. In-4.°, Angers , i586. 23. Lavater (Louis). Tractatus de spectris, Umuribus, variisque prœsagi- tionibus. Iu-8.», Genevœ , i58o, etc. 24. Maldonat (jésuite). Traité des anges et des démons. In-12, Rouen > 1616. — Il n'y a rien de fort remarquable dans cet ouvrage. 25. Meteb. Essai sur les apparitions, traduit de l'Allemand, paT Baër. Jn-8.°, i?48. 26. Moreton (Andrew). Universal history of apparitions , jacred and pro= phane. In-8.°, London, 1738. — Cet ouvrage est assez curieux. 27. Ruse a Mediolanensis (Antonii). Opus de statu dœmonum ante mundi exilium. In-4.°, 162 1. — Ouvrage rare et curieux. 28. Rivius (Jos.). De speetris, apparitionibus et reveïationibus. In-8.% Lepsiae, i54i. 29. Strozzi Cicogna. Pelagio de gli incanti e dette gran maraviglie , de gli spiriti 9 edeluttalanaturaloro. In-4-° , i6o5.— Ouvrage peu commun. 30. Taillepied (Noël). Traité de l'apparition des esprits, etc. In-12, Paris, 1616; Rouen, 1600. — livre faiblement écrit; mais Fauteur était crédule : ce qui rend son ouvrage assez curieux. 31. Thtr^us (Petrus). De apparitionibus spirituum tractatus duo. In-4.% Colonial , 1600 et i6o5. — On trouve dans ce livre des apparitions de Dieu , des anges , des démons et des âmes humaines. 32. Theatrum diabolorum. In-fol., Francofurti, 1587, a vol. — Ouvrage rare et singulier. 33. Visions ofthe soulbefore it cornes intothebody.ln-S.o, London, 1692. 34. Walter-Scott. Demonology and Witchraft. 1 vol. in-8.«, Londres, Bruxelles et Paris. — Recueil très -intéressant. Ce nombre d'ouvrages , extrêmement borné si on le compare à l'immense quantité de livres publiés sur la môme matière , est en partie extrait du catalogue qui se trouve à la fin du recueil de Lenglet* Dufresnoy. Il nous a paru qu'il n'était pas inutile de présenter avec la vision de Tondal, quelques-uns des principaux auteurs qui ont traité de l'enfer, du ciel et du purgatoire.


vision DU

I

Liminaire, vu. Table alphabétique des ouvrages les plus curieux sur les visions , . xxi. § 1. — Ici commence le livre de la Yision de Tondalus, qui traite des Peines de TEnfeT et des Joies di* Paradis , 3. § 2. — De l'aspect des démons , et de l'Ange qui conduisit Tondalus , 7. § 3. — De la Vallée horrible et du Pont étroit, 10. § 4. — La Bête monstrueuse et terrible, 13. § 5. — Le Lac, 16. g 6. — La Fournaise qui vomit des flammes, 19. § 7. — La Bête ailée et le Lac de glace, 23. § 8. — La Vallée des Ouvriers, 26. § 9. — Le Puits infernal , 29. § 10. — Le Prince des ténèhres et ses compagnons , 32. § 11. — De l'état de ceux qui ne sont ni parmi les bons, ni parmi les méchants , 37. § 12. — Du Roi Tormarcus, 39. § 13. — De la gloire des Saints, 41. § 14. — Même sujet, 47. § 15. — Continuation du même sujet, 50. § 16. — Des quatre évêques que Tondalus reconnut en ce lieu , . . .52. § 17. — Retour de l'âme de Tondalus dans son corps , 54.


3ct commence le iiwt îre la Vision îre f onîralus, qui traite fcee JJeinre r€nfrr rt î>e$ Joies ï>u JJaraïri*. Per me si Ta nella citlà dolente ; Per me si Ta neir eterno dolore Per me si Ta tra la perdnta gente. (Dante , eanto m.) ER i'àn de Notre Seigneur mil cent quarante-neuf, fqui fut la seconde année de l'expédition de • Conrad, roi des Romains, et la quatrième du [pontificat du pape Eugène, eut lieu la vision que nous allons raconter. Dans une des métropoles de l'Hibernie méridionale naquit Tondalus , d'une noble nais= sance, d'une grande force et beauté de corps, mais doué d'une âme cruelle. Indifférent sur son avenir, il ne pouvait souffrir qu'on parlât de son salut , ne fréquentait point les

églises, et, au lieu d'aider les pauvres, distribuait tout ce qu'il avait, pour satisfaire sa vanité, à des bouffons et à des baladins. Parmi les nombreux compagnons et amis de ses parties de plaisir, il y en avait un qui était son débiteur. Le temps de payer la dette étant venu , il alla le trouver. Le débiteur le reçut très-bien, mais répondit qu'il n'avait pas pour le moment de quoi le satisfaire, et voyant que Ton= dalus allait se retirer tout fâché, il le pria, avant qu'il partit, de se mettre à table avec lui, et de partager son repas. L'invité ayant accepté , déposa la hache qu'il tenait à la main et se disposait à manger, lorsque son hôte lui porta à l'improviste un terrible coup , qui l'empêcha d'a= chever de lever le bras jusqu'à la bouche. Il jeta un cri épouvantable, recommanda à la femme du traître, la hache qu'il venait dedéposer, et dit: Conservez-là, car je me meurs. A ces mots il tomba à terre, comme si son âme se fut en= volée de son corps, qui offrait tous les signes de la mort. La famille accourt, on enlevé la table, les écuyers jettent de hauts cris , les assistants se désolent , on sonne les clo= ches , un prêtre arrive , le peuple est dans l'étonnement , et toute la ville est en émoi à cause de la mort du chevalier. Pendant trois jours le corps demeura là étendu ; ceux qui palpaient les membres avec soin^ pour s'assurer qu'ils étaient sans vie , sentaient encore une légère chaleur dans le côté gauche de la poitrine : c'est pourquoi ils ne voulurent pas qu'on l'enterrât. En effet il reprit ses sens et commença doucement à respirer. Les assistants lui ayant demandé s'il voulait com= munier, il pria qu'on lui apportât l'eucharistie, et après

ravoir reçue, et bu le vin , il commença à prier et à louer Dieu, disant : O Dieu! ta bonté surpasse mon iniquité, quoiqu'elle soit bien grande. Malgré mes péchés, tu as daigné me visiter et me vivifier, et tu m'as ramené des abîmes de la terre. Aussitôt, en présence de témoins, il donna tout ce qu'il avait aux pauvres, se signa, et promit de racheter, par sa conduite future, les égarements de sa vie passée. Alors il se mit à raconter dans les termes suivants, tout ce qu'il avait vu et souffert.


V3< Cn^a^tJv-U^V-OJ^ OJvOl/v v Ol>V QOV^cKAOtTNK^àVWN^^^ De l'aspect î>* s frimons, *t te l'2lncje qui canîruisit f onîralua. Nel mezzo del cammin di nostra yita , Mi retrovai per una sel va oscura Cho la dirrita via era smarrita. (Dante, eanto I ) $2. is^l^ orsque mon âme quitta mon corps, la conscience ^ 5*3* me ^ seû ^ r ses aiguillons, je commençai à trém- ie 4a ^>bler et je ne savais plus ce que je faisais; j'avais i^^l^&lpeur et je ne savais ce que je craignais. Mon âme voulait rentrer clans sa dépouille mortelle, mais en vain; elle errait environnée de terreurs. Je pleurai , je me lamen= tai, et je n'avais de confiance qu'en la miséricorde de Dieu. Enfin je vis venir vers moi une si grande multitude d'es= prits immondes, que non seulement ils remplissaient la maison, mais encore les rues et les places de la ville. Envi= ronnant de tous côtés mon âme, ils dirent : Chantons à cette âme malheureuse les cantiques de la Mort , car elle est la fille de la Mort, et sera la nourriture des flammes; elle est l'amie des ténèbres et l'ennemie de la lumière.

Se tournant alors tous vers moi , ils grinçaient des dents et me déchiraient avec fureur à coups de fouet, en criant : Voici, misérable, les compagnons que tu t'es choisis, et avec lesquels tu iras brûler en enfer, toi propagateur de scan- dale, ami de la discorde, que nous aussi nous chérissons. Où est maintenant ton orgueil, où sont tes joies criminelles, ta vanité, tes banquets joyeux, tes ris immodérés, ta force à l'abri de laquelle tu semais l'insulte et l'outrage? Pourquoi ne continues-tu pas à agir avec la mêmelégèreté que sur la terre? Pendant que je souffrais ainsi leurs sanglantes ironies, je vis dans le lointain comme une brillante étoile, sur laquelle je fixai aussitôt mes regards, espérant que peut-être j'en recevrais quelque consolation. C'était mon bon Ange, qui, s'étant approché, me salua en disant : Tondalus , que fais-tu là ? Je vis que c'était un beau jeune homme. Dès qu'il m'eut ainsi appelé par mon nom , je fus frappé de crainte et de joie en même temps, et je répondis : Hélas ! Seigneur, les tourments de l'enfer m'environnent, et les lacs de la mort m'enveloppent de toutes parts. — Ce n'est que maintenant , répliqua l'Ange, que tu me donnes le nom de Seigneur, tandis que j'étais- toujours auprès de toi sur la terre, et que tu ne me jugeas jamais digne de ce nom. — Où t'aurais-je vu, dis-je? où aurais-je pu entendre ta voix si douce? — Depuis ta naissance , je t'ai suivi partout, mais tu n'as jamais voulu écouter mes conseils. Et étendant la main vers celui des esprits immondes qui s était montré le plus acharné dans ses malédictions : Le voilà, ajouta l'Ange, celui qui te guidait en toutes choses. Mais prends courage et réjouis-toi; quoique tu n'aies encore souffert que bien peu , pour, ce que tu as

mérité, suis-moi, et retiens bien dans ta mémoire ce que je te montrerai, car ton âme va de nouveau pouvoir se vêtir de son enveloppe terrestre. Jusque-là, celle-ci s'était tenue près de mon corps, qu'elle quitta alors pour se rapprocher de l'Ange. Les démons ayant entendu ce qui venait de se dire et voyant qu'ils ne pourraient faire tout le mal qu'ils espé* raient , blasphémèrent contre Dieu , disant qu'il était injuste, parce qu'il ne rendait pas à chacun selon ses œuvres, comme il l'avait promis. Ensuite ils se mirent à se disputer entre eux, à se déchirer, et à se faire tout le mal possible; puis, pleins d'une profonde tristesse et d'une grande indignation , ils se retirèrent, laissant derrière eux une odeur fétide insupportable. L'Ange marchant en avant, dit à mon âme : Suis-moi; mais elle répondit : Hélas ! Seigneur, à moins que je ne marche devant vous, ils me saisiront par derrière, et me livreront aux flammes'eternelles. Ne crains rien, répliqua l'Ange, nous sommes plus forts qu'eux. Si Dieu est pour nous , qui osera s'opposer. A ta gauche il en tombera mille , et dix mille à ta droite; mais nul ne pourra t'approcher. Prête toute ton attention, tu vas voir la rétribution dos pécheurs. A ces mots l'Ange et mon âme s'envolèrent.

^^^è- ^^^^^^^^^^^^^^^^ ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ ^^.^^ ^^^^^^^^^^^^^^^ la tîûUre Jjorribif et îm pont êtvoxt. Abi qnanto a dir qaal cra è cosa dora Che nel pensier rinnucnrala paura ! (Dante , canto i ) $3. ||$$§y||||| PR ^ s une longue course pendant laquelle ils HË d ^ n ' euren ^ d'autre lumière que la splendeur que ^^X^» l'Ange répandait autour de lui, ils arrivèrent ^^^|^à une vallée terrible et ténébreuse, couverte par l'ombre de la mort. Elle était profonde et remplie de charbons ardents , recouverts d'une plaque de fer de six coudées d'épaisseur, dont la chaleur était encore plus grande que celle des charbons, et dont l'odeur infecte surpassait toutes les tribulations que l'âme avait jusque là endurées. Sur cette plaque de fer était assise une multitude d'âmes infortunées qui étaient brûlées jusqu'au point de devenir liquides. Les parties les plus solides se collaient au fer, comme la cire fondue se colle au drap. On alimentait con«  stamment le feu de nouveaux charbons ardents, afin d'aug= menter les tourments. C'était la punition des parricides, des

fratricides, des homicides et de leurs complices. Après cette torture -ci , dit l'Ange, on leur en fait encore souffrir de plus terribles. Quoique tu sois un meurtrier, tu ne subiras pas cette peine. Ensuite ils arrivèrent ensemble au pied d'une montagne d'une grandeur extraordinaire où régnaient une profonde horreur et une vaste solitude; pour y parvenir, il n'y avait qu'un chemin bien étroit. D'un côté était un feu de soufre sombre et infect; de l'autre côté une plaine de neige gla«  cée et un vent horrible. Cette montagne était couverte de bourreaux , armés de fourches de fer rouge et de tridents aigus, avec lesquels ils tourmentaient les âmes qui vou= laient passer à l'autre bord, et les plongeaient alternative* ment tantôt dans le feu, tantôt dans la glace. NTest là la peine des fourbes et des perfides, dit l'Ange. L'âme, frappée de terreur, continuait à suivre douce^ ment son guide , qui parvint à une autre vallée putride , .si profonde qu'on ne pouvait en apercevoir le fond. On en<= tendait les mugissements d'un fleuve de soufre et les hur= lements des damnés. 11 s'en élevait une fumée cadavéreuse bien plus insupportable que ce que Tondalus avait éprouvé jusque alors. Cette vallée formait la jonction entre deux mon= tagnes qui communiquaient l'une à l'autre par une longue planche en forme de pont , passant au-dessus de la vallée. . Ce pont avait mille pas de longueur et un seul pied de largeur. Les élus seuls pouvaient le traverser. Un grand nombre, en voulant passer, tombait dans le précipice. II n'en vit qu'un seul qui fit heureusement le trajet. C était

un étranger, portant une palme, vêtu d'une chlamyde blanche , et marchant d'un pas ferme et intrépide. L'Ange, pour rassurer l'âme tremblante , lui dit : Ne crains rien } je te délivrerai de ce tourment, pourvu que tu en endures d'autres. Puis il s'avança en la soutenant, et traversa le pont sans malheur. C'est ici, ajouta-t-il, la vallée horrible où les orgueilleux subissent leurs peines.

£a 6ète monetrueuee et terrible. Da ogni bocca dirompea co* denti Un peccatore a gnisa di maciulla Si che tre ne facea cosi dolenti. (Dantb, canto xxxiv.) § 4. 'ange marchant toujours en avant , ils arrivèrent là un chemin tortueux et couvert de ténèbres. » Tandis que Tondalus s'efforçait d'avancer dans

cette route difficile, il vit de loin un monstre

d'une incroyable grandeur et d'un aspect des plus horribles. Il était plus haut que les montagnes que venait d'avoir vues l'âme de Tondalus , ses yeux étaient comme des collines enflammées, sa gueule paraissait pouvoir contenir neuf mille hommes armés. Ses dents, semblables à des colonnes, formaient comme deux routes immenses , et des flammes continuelles sortaient de son gosier. Deux géants, l'un la tête en bas, et l'autre posé sur ses pieds, le divisaient en deux parties et ressemblaient aux deux portes de l'abîme. Les âmes condamnées étaient forcées d'entrer dans ce gou= fre d'où s'exhalait une horrible infection. Le corps du monstre retentissait de gémissements et de cris lamentables,

car il s y trouvait plusieurs milliers d'hommes et de femmes, payant leurs péchés par d affreux tourments. Devant cette gueule se tenait une multitude d'esprits immondes qui pous= sa ient lésâmes en avant, les couvrant de coups et de bles«  sures. Ayant pendant quelque temps considéré ce hideux spectacle , plein de terreur , l 'âme dit à l'Ange : Pourquoi suis -je venue si près de ce monstre? — Nous ne pouvons par aucune autre route arriver à notre but, répondit-il. Cette bête, nommée Achorons , dévore tous les avares. C'est d'elle qu'il est écrit : Elle absorbera le fleuve et ne se» tonnera point; elle croira pouvoir faire entrer le Jourdain dans son gosier. L'Ange approchait toujours, et se posa de- vant la bête; l'âme le suivait malgré elle. Bientôt il disparut, et celle-ci demeura seule abandonnée à sa misère. Les dé«  mons l'entourèrent aussitôt comme des chiens enragés, et l'entraînèrent, au milieu d'une grêle de coups, dans le ventre du monstre. La suite prouvera combien elle eut à souffrir, exposée aux morsures et aux déchirements des chiens, des ours, des.lions, des serpents, et d'une quantité innombrable d'au- tres animaux inconnus et de monstres féroces, et aux coups des démons. On y souffrait les ardeurs du feu, la rigueur du froid, l'odeur infecte du soufre, l'horreur des ténèbres; ce n'était que larmes, grincements de dents, maux de toute espèce. Les pauvres aines s'accusaient de leurs crimes pas= sés, et se déchiraient les joues de tristesse et de désespoir. Tondalus se croyait éternellement damné, lorsque, je ne sais comment , il se trouva hors de la bête. 11 était couché par terre à une grande distance, et soulevant avec j

peine ses débiles paupières, il vit PAuge de lumière qui avait marché devant lui avant son malheur. L'âme se ré» jouit au milieu de son affliction et loua le Seigneur de sa miséricorde. L'Ange vint près d'elle et la consola. 3

€e Car. E gré Ténia sa per le lorbid' onde. Un fracasso d'un suon pien di spavento Per cui tremavan amendue le sponde. (Dame , canto ix.) $5. [ ontihuant à avancer, ils virent un lac immense Hi a ff*^ P ar ^ a t em P^ te - ^es fl°t s s'élançaient jus* !|§ qu'au ciel. 11 s'y trouvait une multitude de bêtes ^iti prêtes à dévorer ceux qui tomberaient dans ces eaux profondes. Sur ce lac était jeté un pont beaucoup plus long et plus étroit que celui que déjà l'âme avait rencontré. Il présentait une longueur de deux milles, sur une palme de largeur; sa surface était hérissée de clous de fer très-poin= tus, qui traversaient les pieds des passants. Les bêtes du lac se pressaient auprès de ce pont, dans l'espoir de faire leur proie de ceux qui en tomberaient, c'est-à-dire des âmes de ceux qui ne pourraient franchir le passage. Ces bêtes avaient des proportions si colossales qu elles ressemblaient à des tours. Des flammes si brûlantes sortaient de leurs bou= ches que les eaux paraissaient bouillonner. Tondalus vit une âme qui pleurait amèrement sur ce pont et s'accusait de

plusieurs crimes. Elle était chargée d'un poids considérable de gerbes de blé et s'efforçait de traverser le pont. Quelque douleur qu'elle ressentit par les clous qui lui traversaient la plante des pieds, elle craignait encore plus de tomber dans les gueules béantes des monstres du lac. Tondalus demanda ce que cela signifiait. Ce supplice, dit l'Ange, est surtout celui que tu mérites, toi et ceux qui commettent des vols semblables, soit grands, soit petits. Cependant il y a une gradation dans la peine. Celui-ci n'a commis qu'un sacrilège des moins criminels. On est cou- pable de sacrilège lorsqu'on enlève une chose sacrée , ou un objet dans un lieu sacré. Les plus grands coupa- bles sont ceux qui pèchent sous le manteau de la religion. Maintenant tu dois passer ce pont, amener avec toi une vache indomptée et me la rendre saine et sauve de l'autre côté, parce que tu as volé un jour une vache à ton père. Seigneur, répondit Tondalus, ne l'ai-je pas rendue ? — Tu l'as rendue à la vérité, mais lorsque tu n'as pu trouver où la cacher. Aussi tu ne subiras pas le supplice en entier, car c'est un moindre mal de vouloir que de commettre l'action , quoi=* que l'un et l'autre soit péché devant Dieu. Cela dit, l'Ange lui montra la vache indomptée. Tondalus donc, bon gré malgré, tâcha de la retenir et s'efforçait de la diriger vers le pont, par toutes les menaces qu'il pouvait imaginer. Les bêtes du lac accouraient en mugissant, dans l'attente de recevoir leur proie du haut du pont. Tondalus se mit en chemin, mais la vache ne voulait pas le suivre. Lorsqu'il parvenait à avancer, la vache tombait, et lorsqu'il tombait,

là vache allait en avant De cette manière il parvint jus* qu'à moitié du chemin. Alors il vit venir du côté opposé celui qui était chargé de gerbes de blé, et qui priait Ton= dalus de ne pas embarrasser le passage. Celui-ci à son tour le suppliait de ne pas Fempêcher d'achever le trajet dont il avait déjà fait la moitié. Aucun des deux ne pouvait ni regarder ni retourner en arrière. Ilsjétaient là debout, versant des larmes, et le pont s'imprégnait du sang qui découlait de leurs pieds. Lorsqu'ils furent demeurés dans cette situa= tion pendant quelque temps, ne sachant lequel passerait, Tondalus vit devant lui J'Ange qu'il avait laissé derrière. — Viens, dit-il, et ne fais plus attention à la vache. Ta faute t'es remise. Tondalus montra ses pieds et répondit qu'il ne pouvait plus marcher. — Tu dois te souvenir, répliqua l'Ange, combien tes pieds étaient rapides lorsque tu allais répandre le sang, l'affliction ou le malheur. Après ces pa= rôles, il le toucha, le guérit, et ils continuèrent à s'avancer. Où allons-nous maintenant, demanda Tondalus. Un effroya= ble bourreau attend notre arrivée, dit l'Ange; nous ne pou= vons passer sa demeure, qui est pleine, à la vérité, mais le maître de la maison désire encore trouver d'autres hôtes pour le supplice.

&&&&&&&&&& £iJJ&ft &&&&&&&&&&&&&&&&& Ca -fournaise qui uornit îirs flatnmrô. Qoivi sospiri , pianti ed aîti goai Risonavan per l'aer senza stello Perch* io al cominciar ne lacrimai. (Dante, canto if f -> $6. ls marchaient à travers des lieux sombres et arides lorsque parut à leurs yeux une maison immense , semblable à une montagne ardente, et ifill de forme ronde comme une fournaise. Il en sortait des flammes qui consumaient , à mille pas alentour, toutes les âmes qu'elles atteignaient. Tondalus dit à son conducteur : Voici que nous approchons des portes de la mort; qui me délivrera, malheureux que je suis ! L'Ange répondit : Tu n'as rien à craindre de ces flammes extérieures, et tu dois entrer dans la maison même. S'approchant alors de plus près 3 ils virent des bourreaux armés de haches et de couteaux à deux tranchants. D'autres portaient des tisons, de longues lames, des faulx, des tenailles aiguës, des bê= ches et d'autres instruments avec lesquels ils déchiraient, brûlaient, coupaient et démembraient les âmes retenues

au milieu des flammes. Une multitude subissait ces tortures infligées par les mains de ces démons. Tondalus dit à l'Ange : Je vous en conjure, Seigneur, délivrez-moi seulement d'un pareil supplice, et je consens à être livré aux autres que nous rencontrerons. — Il est vrai , répondit l'Ange , que c'est un des plus terribles tourments que vous ayez vus , mais il en est un plus terrible encore. Pénètre dans cette fournaise; les chiens dévorants t'y attendent. Tondalus tremblait, et presque hors de lui de terreur, il suppliait qu'on lui per- mît de ne pas y entrer. Ce fut en vain, les démons voyant que c'était une victime qu'on leur accordait, l'environnèrent, et, le comblant d'insultes, le déchirèrent avec leurs instru= ments de supplices. Phistrinus était le nom du maître de cette demeure, où Tonne voyait que tristesse et larmes , où l'on n'entendait que gémissements et grincements de dents; il y avait un feu lent à l'extérieur et un vaste incendie à l'intérieur. On y éprouvait une faim insatiable. Rien ne pouvait l'assouvir. Les parties les plus secrètes du corps étaient soumises à d'horribles tor- tures, la pourriture rongeait les membres, et des animaux immondes entraient dans le corps des femmes et des hom* mes, tant séculiers que religieux. L'âme de Tondalus con* fessait que c'était avec justice qu'elle souffrait ce supplice. Lorsqu'il plut à Dieu d'y mettre fin , elle s'en trouva délivrée , sans savoir par quel moyen. Tondalus était assis dans les ténèbres, et couvert des ombres de la mort. Apercevant de nouveau son bon Ange : Hélas ! Seigneur , lui dit-il, où est la vérité de ce que j'ai si souvent entendu dire : La terre est remplie de la miséricorde de Dieu. L'Ange répondit : Cette

maxime en a trompé plusieurs. Dieu, quoique miséricor» dieux, est cependant juste; s'il pardonne beaucoup, il punit aussi. Tu as souffert justement, tu lui adresseras des actions de grâces, lorsque tu verras les tourments auxquels tu as échappé par sa bonté divine. Si Dieu pardonnait tout, l'homme aurait- il besoin d'être juste? Si l'homme ne croyait pas aux supplices, craindrait-il de pécher et de s'abandonner aux voluptés ? Pourquoi le coupable devrait-il se repentir s'il n'avait point à craindre la colère de l'Etre* Suprême? Aux pécheurs impénitents durant la vie, Dieu se montre miséricordieux en les épargnant , mais ils sont punis ensuite comme ils le méritent. Il ôte souvent aux justes les biens de la terre , pour que l'excès ne vienne pas les souiller; mais il leur réserve un bonheur éternel avec ses anges, il pardonne bien des fautes, mais aucune bonne œuvre n'est laissée sans récompense. Personne n'est pur de péché, même l'enfant qui vient de naître. La peine est remise à plusieurs, afin que l'ombre de la mort ne s'étende point sur eux. Les justes qui ne doivent subir aucun sup= plice après le trépas , sont néanmoins amenés pour en voir le spectacle salutaire, afin que la vue de ces tourments dont ils sont délivrés par la miséricorde de Dieu , enflamme d'avantage leur amour pour le créateur. De même les âmes dignes des peines éternelles, sont d'abord conduites vers la gloire des saints pour que l'aspect des récompenses qu'ils ont rejetées de leur plein gré, augmente leur douleur, car il n'est nul supplice plus affreux que d'être séparé de Dieu et exclu de la société des bienheureux. Ce prêtre que tu as vu passer sur le pont, sans crainte et sans danger, était conduit vers le lieu des supplices, afin qu'il chantât avec plus

d'ardeur les louanges de celui qui l'appelait à jouir de la gloire étemelle. C était un serviteur fidèle et prudent; aussi il a reçu la couronne de vie que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. Maintenant je vais te moutrer les peines que tu n'as pas encore vues.

^p^p^f $ ^?3P3P3?^P^?^P3P^? ^ffiffî§l§^iï%ïï%fâ^^ë^§^§^§^§ Ca Oètc ailée et le Cûc de glace» Quindi Cocito tatto s' aggeîava : Con sei occhi piangeva, e per tre ment{ Gocciava 'l pianto, e sanguinosa bata. (Dantf, canto ïxxit.) §7. ' ['ange marchait devant, et Tondalus vit bientôt une bète entièrement différente de celles qu'il • avait vues auparavant. Elle avait deux pieds, [deux ailes, un cou très- long, un bec et des ongles de fer. De sa gueule sortaient des flammes dévo* rantes. Elle était assise sur un lac de glace épaisse, et avalait des âmes qui étaient réduites à rien dans son es» tomac; puis elle leur donnait de nouveau l'être sur la glace, où le même supplice recommençait,

  • almpregnabantur vero omnes animae tam virorumquam

mulierum quap descendebant in stagnum et ita gravidee ' Les convenances ont exigé que nous no mettions point en français le passage qui précède; mais ne voulant point tronquer le texte , noua nous sommes cru obligés de ne point l'omettre. 4

«m* prestolabantur tempus ad partum. Intus autem mordeban» tur ia visceribus more Tiperino a proie conceptâ, sic quod \regetabantur miserae animae in undâ frigidâ mortui maris glacie concretâ : cumque tempus esset ut parèrent, clamantes replebaut inferos ululatibus et sic serpentes pariebant. Pa» riebant autem non solùm fœminae sed etiam viri , et hoc non per membra quae natura constituit tali officio convenientia, verum per brachia simul et pectora. Exibantque erumpentes per cuncta membra bestiae habentes capita ardentia et rostra ferrea acutissima quibus ipsa, unde exibant corpora, dilaniabant. In caudis autem suis habebant eaedem bestiae multos aculeos qui quasi hami rétro retorti ipsas a quibus exibant animas pungebant. Bestiae autem illae volentes exire cum caudas suas non possent secum trahere, in ipsa corpora ondè exhibant rostra sua ardentia et ferrea retorquere non cessabant donec ea usque ad nervos et usque ad ossa arida consumèrent. Verenda quoque ipsa virorum ac mulierum crantinsimilitudineserpentiumqui inferiores partes ventris lacerabant; et ipsa viscera indè studebant extrahere. Habe= bant praeterea linguas vivas in modum aspidum quae totum palatum et arterias consumebant usque ad pulmones. Tune ^tït Angélus : Haec est pœna monachorum, canonicorum, sanctimonialium, ceterorumque ecclesiasticorum qui men= tiri deo per tonsuram et habitum noscuntur; qui Knguas suas exacuerunt sicut serpentes , et membra sua non cohi* buerunt ab immundis operibus, Hanc pœnam sustine» bunt qui immoderatà luxuriâ se polluunt. Et ideo istam sustinere oportet. His dictis rapuerunt eam daemones cum impetu, et dederunt eam bestiae devorandam quum autem post praedicta tormenta esset in parta viperarum ,

«JLftJL» affuit ei angélus lacis, et tangens eam sanavit et se seqai praecepit. » L'Ange et Tondalus continuaient leur route à travers des lieux encore plus affreux que les premiers. L'éclat que jetait l'Ange était la seule lumière qui les guidât; le che«= min était très-étroit et semblable à celui qui conduirait du sommet d'une haute montagne dans un précipice. Plus l'âme de Tondalus descendait, moins elle espérait retourner à la vie.

£a Dallé* be* ©ituricrs. Diverse Hngtie. orribili fafelle Parole di dolore , acccnli d* ira Voci altc e fiochc, c soon di man con elle. (Dante, canfo ni ) $8. I^^nfin il demanda à l'Ange : Seigneur, où allons*

  • ^ nous ? q 0 chemin conduit à la mort, répondit

• son guide. Que signifie alors, répliqua Tonda= ^|§f|§|lus, ce qui est écrit : Large et spacieuse est la voie qui conduit à la mort, et beaucoupy entreront* Ici je; ne vois personne, excepté nous. — Ce n'est pas de ce chemin ci que l'on parle dans ce passage; cela veut dire qu'une vie impudique, criminelle et mondaine conduit dans la route où nous nous trouvons. Après cette réponse, ils mar* chèrent toujours, et après bien de la fatigue, ils parvinrent à la vallée des forgerons, d'où sortaient des cris et des plaintes perçantes. Le bourreau qui habite ici, dit l'Ange, s'appelle Vulcain. Par son art, plusieurs sont tombés, et il prend soin de les tourmenter 1 . Seigneur, demanda l'âme, ' L'auteur veut dire sans doute par ce passage que la fabrication des armes a été la cause de bien des crimes. On est étonné de trouver ici le nom de Vulcain, mais ce mélange de la mythologie et du christianisme est fréquent dans les écrits des i3. me et i4* me siècles. Nous avons déjà pu remarquer plus haut la mention symbolique de l'Achèron.

dois -je aussi subir ce supplice? — ' Tu le dois. Et l'Ange marchait en avant, et l'âme en pleurant le suivait. Tout-à= coup des bourreaux armés de tenailles roupies s'emparèrent d'elle, sans rien dire à l'Ange, et la jetèrent dans une four* naise ardente. On soufflait le feu, comme dans les forges, et l'on venait voir de temps à autre jusqu'à ce que les âmes torturées dans ces chaudières fussent réduites à rien. Lorsqu'elles étaient liquéfiées, au point qu'il ne paraissait plus que de l'eau, les démons y plongeaient des fourches de fer, et posant les damnés sur une enclume, les battaient à coups de marteau , jusqu'à ce que vingt ou trente , et parfois cent, ne formassent qu'une seule masse. Pour comble de douleur, ils ne périssaient point par là; ils invoquaient la mort et ne pouvaient la trouver. Les bourreaux se parlaient l'un à l'autre disant : Cela suffit-il? — Jetez-les nous, répondaient les autres, et nous verrons! On les jetait, on les saisissait avec les tenailles de fer, et on les livrait de nouveau au feu. Les malheureux damnés étaient ainsi lancés de côté et d'autre, et toujours replongés dans les flammes jusqu'à ce que la peau, les nerfs, la chair et les os devinssent des gerbes d'étincelles. Après d'indicibles douleurs, la flamme abandonna Tondalus , et son Ange le saisissant au milieu des étincelles, lui dit: Gomment te trouves -tu? Les jouis* sances de la chair sont -elles, assez douces, pour, qu'à cause d'elles , on souffre tant et de si grands maux. Le mal* heureux ne pouvait presque pas répondre, car son cruel supplice lui avait ôté toutes ses forces. L'Ange continua :

Console- toi, car Dieu envoie aux enfers et en ramène. Quoique cè que tu as souffert jusqu'ici soit affreux, il existe encore de plus grands tourments dont tu seras libéré parla grâce de Dieu, Tous ceux que tu as vus plus haut attendent leur jugement; mais ceux qui se trouvent plus bas sont déjà jugés , car tu n'es pas encore parvenu au plus profond de l'enfer. A ces mots, il toucha l'âme de Tondalus, qui, se trouvant guérie, put continuer sa route.

Ce patte infernal. Qaesti non hanno speranza di morte E la lor cieca vita è tanto bassa Cho* nyidiosi son d ogn' altra sorte. § 9. [àkdis qu'ils marchaient en s'entretenant, voilà 7|| tout- à -coup qu'une subite horreur, un froid ^intolérable, une odeur infecte, des ténèbres jplus épaisses que les précédentes, un grand trouble et une affreuse angoisse s'emparent de lame de Tondalus , au point qu'il lui semblait que les fondements de la terre s'écroulaient. Hélas! Seigneur, dit-il à l'Ange, comment se fait-il que je ne puisse plus me tenir debout? Et à ces mots sa terreur fut si grande qu'il devint immo- bile. Au même instant son guide disparut; alors le déses» poir s'empara de lui, car la sagesse, la science et la raison étaient inutiles pour supporter ce qu'il voyait et ce qu'il entendait Les clameurs et les hurlements d'une mul- titude innombrable frappaient ses oreilles , ainsi que les grondements du tonnerre , et d'une façon si terrible qu'il est impossible à notre langue de l'exprimer et à notre faible intelligence de le comprendre.

Regardant autour de lui pour voir d'où venait ce fracas, il aperçut une fosse quadrangulaire comme une citerne. Il en sortait, en colonne s'élevant jusqu'au ciel, des flammes et une fumée putride. Dans cette colonne voltigeait une quantité incalculable d'âmes et de démons en forme d'étincelles , qui montaient avec la flamme, et lorsqu'elles étaient presque ré= duites à rien, elles retombaient avec les démons jusqu'au fond de la fournaise. A cette vue, Tondalus fut incapable de s'é- loigner, ses pieds? se refusant à se détacher de terre. Après avoir fait de vains efforts, la fureur le saisit, il se laissa atteindre par les flammes, et se déchirant les joues avec ses ongles, il s'écria : Malheur à moi, parce que je ne puis pas mourir! Quelle démence a été la mienne de vivre comme je l'ai fait! Les démons qui montaient dans la colonne de feu, entendant ces paroles, l'entourèrent avec les instru= ijients qui leur servent à entraîner les âmes et lui dirent : Ame misérable , digne des peines et des tortures de l'enfer, d'où viens-tu ici? Tu n'as encore rien éprouvé; tu verras des tourments dignes de tes œuvres, dont tu ne pourras être délivrée et dans lesquels tu ne pourras périr. Vivant toujours torturé, tu brûleras sans relâche, sans consolation, sans secours à espérer, dans les ténèbres, et tu n'auras jamais de miséricorde à attendre. Tu t'es approché des portes de la mort; tu te trouveras bientôt au plus profond des enfers. Celui qui t'a conduit ici t'a trompé; qu'il te dé» livre de nos mains s'il en a le pouvoir ! Tu ne le verras plus. A quoi bon attendre davantage, ajoutèrent-ils, se parlant entr'eux, entraînons-le , et donnons-le à dévorer à Lucifer! Secouant alors leurs armes , ils le menaçaient de la mort éternelle. Ces esprits immondes étaient noirs comme du

charbon, leurs yeux comme des lampes ardentes, leurs dents aussi blanches que la neige. Ils avaient des queues de scorpions, des ongles de fer, des ailes comme des vau= tours. En ce moment parut l'Ange du Seigneur, qui ayant mis en fuite ces esprits des ténèbres, consola cette âme cou* pable par ces paroles : Réjouis-toi , fille de la lumière, car tu as été absoute et non condamnée. Tu as vu d'épouvan= tables peines, mais tu ne les as point endurées. Viens donc, et je te montrerai le plus terrible ennemi du genre humain. Arrivé aux portes de l'enfer, il ajouta : Viens et regarde. Sache que nulle lumière ne brille pour ceux qui sont en» fermés ici, mais il te sera donné de les voir, et eux ne te verront point.


Ce Çrina tes tinèbft* 010 campaanons. Ecco Dite, dicendo, ed ccco il loco , Ove convien cho di fortezza t' armi. Com' io divenni ail or gélato e Coco , Nol dimandar, Lettor, ch' ï non io scrivo,

  • Pero ch* ogni parlar sarebbc poco.

( Dante f canto xxxiv. ) 5 10. Î'ame s'approchant , vit le prince des ténèbres et |f|les profondeurs de l'enfer. Avec cent têtes, et rdans chaque tète cent langues, il serait encore i impossible de raconter combien de tourments inouis elle vit en ce lieu. Le prince des démons surpassait en grandeur tous les monstres que Tondalus avait \us jus= qu'alors. Il ne put comparer à rien la partie du corps qu'il pouvait apercevoir, tant elle était hideuse. C'était un monstre aussi noir que l'aile du corbeau; il avait à peu près la forme du corps humain, excepté qu'il était armé de plusieurs bras et d une énorme queue. Il avait bien cent coudées de hau- teur et au moins dix d'épaisseur. Chacune de ses mille mains

avait vingt doigts, et chaque doigt cent palmes de longueur et dix de largeur. Ses ongles de fer étaient plus forts et plus longs que des lances. Ses pieds ressemblaient à ses mains. Son bec était énorme, sa queue garnie de pointes aiguës. Cette horrible bête est assise sur un brasier au- dessous duquel sont des charbons ardents - qu'anime de leur souffle une quantité innombrable de démons; une foule d'autres l'environne, ainsi qu'un tel nombre d'âmes, qu'on ne peut croire qu'il en ait été créé autant depuis l'o= rigine du monde. Ce vieil ennemi du genre humain est lié , par des chaînes de fer, à chacune de ses jointures , et par des liens d'airain rougi. Ainsi posé sur des charbons, et brûlé de tous cotés, la fureur le saisit, il se tourne et se retourne, et ses mille mains s'étendent sur cette multitude de damnés, qu'il presse , comme un moissonneur desséché par la soif presse des raisins pour en extraire quelques gouttes de jus. Par cette compression, il n'en est pas un seul qui ne soit privé de sa tête, de ses pieds ou de ses mains. Alors Lucifer les pousse d'un souffle puissant et éparpille ces âmes dans diverses parties de l'enfer. Aussitôt le puits vomit ses flammes fétides , et lorsque le monstre retire son haleine , toutes ces âmes, qu'il avait dispersées, sont de nouveau attirées vers lûi et retombent dans sa gueule, au milieu de tourbillon^ de soufre et de fumée , pour être dévorées. Celles qui s'écbap» pent de ses mains, il les bat de sa queue à pointes aiguës. Ainsi ce chef des démons , au milieu des tourments , torture lui-même constamment les âmes. L'Ange dit à Tondalus : Celui que tu vois était jadis le prince des anges et jouissait de tous les délices du paradis.

Sr on le relâchait , le ciel et la terre en seraient troublés jusqu'en leurs fondements. Ceux qui se trouvent avec lui sont en partie des anges des ténèbres et en partie des fils d'Adam. Ds ont déjà subi leur jugement. Beaucoup d'autres sont attendus, qui ont ou nié le Christ, ou appuyé ceux qui le reniaient. Ils passent d'abord par les supplices que tu as vus avant d'être amenés ici , d'où , une fois entré, l'on ne sort plus. Ici sont ces prélats, ces mauvais princes dont il est écrit : Potentes potenler tormenta patientur, et qui ont mésusé de la puissance que Dieu leur accordait* Pourquoi, dit Tondalus à l'Ange, la puissance n'est-elle pas donnée aux bons afin qu'ils en fassent un bon usage? Celui-ci répondit : Il n'en est pas ainsi , pour deux raisons, et parce que les péchés des gouvernés exigent qu'ils aient de mau* vais princes , et parce que Dieu veut éloigner les bons du pouvoir, afin qu'ils puissent prendre plus de soin du salut de leurs âmes. Ce monstre est appelé le prince des ténèbres, non à cause de la puissance qu'il possède, mais à cause de la première place qui lui revient dans les ténèbres, car toutes les autres peines , quelque terribles qu'elles soient, ne sont comptées pour rien en comparaison de celle-ci. Ce que vous dites est bien vrai , dit Tondalus, puisque la vue seule de ces lieux me trouble davantage, et que je puis bien mohis supporter l'odeur infecte qui s'en exhale. Je préfère tout ce que j'ai souffert, à rester ici. Je vous supplie donc, si cela est possible, de m'emmener et de ne pas me soumettre à une plus longue torture. J'aperçois plusieurs de mes parents, de mes compagnons et de mes enfants, que je me réjouissais d'avoir pour amis sur la terre , et dont j'abhorre ici la compagnie. Je suis assuré qu'à moins que la

grâce divine ne vienne à mon secours , mes péchés m'obli^ geront aussi à supporter ces tourments. L'Ange répondit : Viens, âme fortunée, la paix te sera accordée , car le Sei- gneur t'a pardonné. Tu n'es plus destinée à souffrir et je vais t'éloigner de ce triste spectacle. Jusqu'à présent tu as vu la prison des ennemis de Dieu , maintenant tu vas voir la gloire de ceux qui l'aiment.


\ . 3De l'c'tat îir crur qui ne dont ni parmi Us bons, ni parmi les méchants. Io sentia Toci , e ciascona pareva Prcgar per pace e per misericordia L'agnel de Dio cbe le peccata leya. (Dante, Purgatorio , canto xyi. ) oîîdalus se retournant, suivit l'Ange, et ils avaient fait peu de chemin que déjà l'odeur fétide ne se faisait plus sentir , les ténèbres avaient dis-» paru , la lumière se montrait et la sécurité avait remplacé la crainte dans son âme. Sa tristesse s'était chan- gée en joie , et il admirait ce changement subit. 0 Sei- gneur, dit-il , comment un changement si soudain a-t-il pu s'opérer? — Tu as reçu la bénédiction duTout-Puissaut, répondit l'Ange , et la crainte s'est envolée de toi. C'est ce qui arrive lorsque la main de Dieu s'étend sur quelqu'un. Nous devons prendre un autre chemin pour retourner dans notre région, adresse donc des actions de grâces au 6

Seigneur , et suis -moi. Durant leur route, ils dirent un muf assez élevé, et derrière étaitune grande multitude d'hommes et de femmes , battus par le vent et la pluie. La lumière brillait cependant et il ne régnait aucune odeur malfaisante; ceux-ci, dit l'Ange, ont péché, mais leurs fautes ne furent pas graves. Ils ont suivi les lois de l'honneur, mais ils n'ont pas partagé leurs biens temporels avec les pauvres. Cest pourquoi, pendant quelques années, ils doivent supporter le vent et la pluie, souffri^la faim et la soif; ensuite ils seront conduits vers un lieu de repos. En s'entretenant ainsi, ils arrivèrent à une porte qui s'ou* vrit d'elle-même pour leur livrer passage. Étant entrés, ils virent une belle plaine, parsémée de fleurs odoraotes, et éclairée par une douce lumière. Une quantité d'âmes des deux sexes s'y réjouissait. Là ne régnait jamais la nuit , et le soleil ne se couchait jamais. Âu milieu jaillissait une fontaine d'eau vive. L'Ange prit la parole : Ici habitent ceux qui ont été médiocrement bons. Arrachés aux supplices , ils ne méritent pas encore d'être associés aux saints. Cette eau jaillissante est la fontaine de vie; celui qui en a goûté ne peut plus mourir et n'est plus jamais tourmenté par la soif. En avançant un peu, ils virent parmi ces âmes les rois Concober et Donatus \ Tondalus dit à l'Ange : Que signifie ceci ? Ces deux hommes furent cruels durant leur vie et très-ennemis l'un de l'autre. Par quel motif sont-ils en ce lieu? — Ils se sont repentis de leur inimitié avant leofmort, • Nous supposons que ce sont là des noms fictifs qui présentaient une allusion saisissabU à l'époque où fut écrite la vision de Tond il.

répondit l'Ange. Goncober languit long-temps, et Ton sait que, s'il eût vécu, il se serait fait moine. Donatus, ayant passé plusieurs années dans les fers , donna aux pauvres tout ce qu'il possédait C'est pourquoi sa justice restera dans les siècles des siècles, et toi tu raconteras tout ceci aux vivants.

ÏDu Roi f ormavcuô. E canterô di quel second o regno Ove l'umano spirito si purga £ di salire al ciel di venta degao. (Dakte, Pargatorio, eanto i.) $12. [tant continué à marcher, ils virent un palais l superbe dont les murs et tous les matériaux pétaient d'or et d'argent incrustés de pierres [précieuses; mais il n'y a point de portes ni de fenêtres, et néanmoins tous ceux qui voulaient, y entraient. L'intérieur était si splendide , qu'on aurait dit que plusieurs soleils y brillaient. Ce palais était vaste, de forme ronde et sans colonnes. Tondalus regardant autour de lui, vit un trône en or, couvert de pierreries et de soie , et de toutes sortes d'ornements. Le roi Tormarcus y était assis, vêtu des habits les plus riches et les plus précieux, bien supérieurs à tout ce que possède la terre. Pendant qu'il admirait tout ceci, il en vit arriver plusieurs chargés, pour le roi, de présents qu'ils offraient avec la joie sur le front. Tondalus s'arrêta long-temps devant ce palais du roi Tormarcus, qui en était le seigneur temporel. Bientôt s'ap=

prochèrent un grand nombre de prêtres et de lévites, vêtus d'habillements de soie et d'autres ornements précieux , comme pour célébrer une messe solennelle. Ils décorèrent de tous côtés la royale demeure , et posèrent sur les tables et sur les buffets des syphons et des vases d'or et d'argent, ainsi que des boîtes d'ivoire; enfin ils prenaient tant de soin à y faire briller de toute façon une splendeur vraiment royale, que si le royaume des cieux n'avait pas eu une gloire plus grande, celle-ci semblait pouvoir suffire. Après avoir tout préparé, ils se présentèrent devant le roi, et fléchissant le genou, lui dirent : Puisque tu te nourris du travail de tes mains, sois béni et heureux! Tondalus alors s'adressa à l'Ange: Je m'étonne, Seigneur, parmi tant de serviteurs, de n'en reconnaître aucun qui fasse partie de sa maison. — Ils n'en font en effet point partie, répondit l'Ange; ceux-ci sont les pauvres et les voyageurs dans le besoin , auxquels le roi faisait des lar- gesses; c'est pourquoi la récompense éternelle lui est donnée par leurs mains» — Mon Seigneur, ajouta Tondalus, ce roi n'a -t -il pas dû, après sa mort, souffrir quelque peine? — Il a souffert, souffre encore tous les jours et continuera à souffrir. Attends un moment et tu verras. Bientôt en effet le palais s'obscurcit, tous ses habitants parurent consternés, et le roi, frappé de tristesse, sortit en versant des larmes. Tondalus le suivit et vit la foule qu'il avait déjà observée, les mains tendues vers le ciel et priant Dieu avec une profonde dévotion , en ces termes : Dieu tout puissant! selon ta volonté ettou pouvoir, prends pitié de

<JUUU ton serviteur! Tondalus ayant jeté ses regards derrière lui , aperçut le roi dans le feu jusqu'à mi-corps , et l'autre moitié du corps revêtu d'un cilice. Chaque jour, dit l'Ange, il endure ce tourment pendant trois heures , et pendant vingt* et-une heures il se repose. Une moitié de son corps est plongée dans le feu, parce qu'il s est rendu coupable d'adul= tère, et l'autre est couverte d'un cilice parce qu'il a ordonné le meurtre d'un comte le jour de Saint-Patrice et qu'il a prévariqué en jurant. Excepté ces fautes, tout le reste lui a déjà été pardonné-, mais continuons notre examen.

  • Fii 43 1 èvéçne et apfttre d'Irlande, dont il est te grand patron. Il

ouvrât, selon B âllol, vers Tan 4&o.

pe la glaire îrts Saints. Nel ciel che più délia sua lace prende Ta' io , e vidi cose. che riàire Ne sa , ne puô quai de lassù discende. (Dante, Paradiso , eanto i. ) § 13. [ouRSUivAisT leur route, ils virent un édifice très= [ élevé et très - remarquable. Il était entièrement ^composé d'argent brillant, et l'on n'y voyait au= j cune porte. Tondalus ne savait comment entrer. En regardant autour de lui, il aperçut les chœurs des saints, qui exprimaient leur joie par des chants : Gloire à toi, Père tout puissant! Gloire à toi, Dieu, Fils de Dieu! Glôire à toi, Esprit Saint ! Ces bienheureux étaient des hommes et des femmes vêtus de robes blanches, d'étoffe précieuse; pleins de bon= heur, ils chantaient les louanges de la Sainte Trinité. La

blancheur de leurs vêtements étincelait, pareille à la neige récemment tombée du ciel , et frappée par les rayoûs du soleil. L'accord parfait de leurs voix produisait une divine mélodie ; leur joie , leur beauté , leur bonheur, leur sainteté, leur amitié, leur vertu, leur santé, leur charité étaient éternelles et toujours invariables. Les fraîches campagnes où ils erraient, exhalaient une odeur suave, supérieure à celle des parfums les plus exquis. L'Ange dit à Tondalus : C'est le bonheur dont jouissent les époux qui n'ont jamais enfreint la foi jurée, qui ont élevé leur famille dans les principes de la justice et dans la crainte de Dieu; qui ont partagé leurs biens avec les pauvres et les églises, et auxquels ceis paroles seront adres* sées au jugement dernier: Venez, élus de mon Père, venez prendre possession du royaume qui a été préparé pour vous depuis la création du monde. Tondalus fit d'instantes prières, afin de pouvoir demeu- rer en ce lieu, mais il ne put l'obtenir. Ils partirent donc. Leur marche était si légère, qu'elle ne leur occasionnait pas la moindre fatigue. Partout sur leur passage , ils rencontraient des âmes dont l'apparence exprimait la plus grande joie et le bonheur le plus parfait , et qui les saluaient en les appelant par leur nom. Elles chantaient le Seigneur, dans des hymnes mélodieux, disant : Sois loué,ô Dieu environné d'une gloire éternelle! Sois loué! ô toi qui ne veux pas la mort du pécheur, mais qu'il se repente et qu'il vive; toi qui as daigné, dans ta miséricorde,

arracher cette âme aux tourments de l'enfer, et l'associer au bonheur de tes saints ! Après qu'ils eurent traversé plusieurs troupes de bien= heureux, un autre édifice apparut à leurs yeux, aussi élevé que le premier, mais d'or pur et des plus éclatants. Cet aspect était si beau, que Tondalus en fut plus émerveillé que de tout ce qu'il avait vu jusqu'alors. Ils entrèrent de la même manière que la première fois, et virent un grand nombre de sièges en or, incrustés de diamants et de pierres précieuses de toutes espèces, et couverts des ornements les plus riches et les plus variés. Des hommes et des femmes, vêtus de robes de soie blanche , si admirablement bro= dées que Tondalus n'en avait jamais vu de semblables, et même n'aurait pu se les imaginer, étaient assis sur ces sièges. Leurs visages resplendissaient comme le soleil en plein midi; leur chevelure, aussi déliée et aussi belle que l'or, était ornée d'une couronne de pierreries. Devant eux se trouvaient des pupitres en or, qui servaient d'appui à des livres écrits aussi en caractères d'or. Tous chantaient Alléluia d'après un nouveau canti* que, et avec une harmonie si douce, que celui qui avait une fois entendu leurs voix oubliait toute musique anté= rieure. L'Ange dit alors à Tondalus : Ceux-ci sont les bienheu= reux qui ont livré leurs corps comme gage de la vérité du testament de Dieu , qui ont lavé leur robe dans le sang de l'agneau sans tache; ceux qui ont su contenir leurs passions,

durant leur passage de la vie terrestre à la vie éternelle, qui se sont mortifiés pour fuir le vice et la concupiscence, qui ont, en un mot , vécu en suivant les voies de la mode» >ation, de la justice et de la piété.

Même sujet. 0 padre nostro che ne' cieli stai Laudato sia '1 tuo nome e '1 tuovalore. (Dante, Purgatorio, cantoxi.) § 14 ( n regardant avec curiosité autour de lui , Tondalus • vit comme une forteresse et un grand nombre de » tentes d'une variété extrême et faites de pourpre j et de soie, enrichies d'or et d'argent. A l'intérieur on entendait toutes sortes de musiciens chanter les airs les plus mélodieux en Raccompagnant de divers instruments* Ayant demandé ce que cela signifiait, l'Ange répondit : Cest le repos dont jouissent les moines , les chanoines et les religieuses, à cause de leur obéissance, c'est-à-dire ceux qui remplirent leur tâche avec joie et vraie dévotion; qui aimèrent mieux obéir que commander; qui renoncèrent à leur propre volonté pour se soumettre à celle des autres; qui, durant leur vie terrestre, s'appliquèrent aux choses cé- lestes; qui mirent un frein à leur langue, et qui, par amour pour le silence, non-seulement ne prirent point part à de


mauvaises conversations , mais encore s'abstinrent de celles qui sont honnêtes. Tondalus ajouta : Seigneur, s'il vous plaît, je voudrais approcher de plus près, et voir ceux qui se trouvent à l'intérieur des tentes. — Je veux bieiLque tu les voies et les entendes, mais tu ne peux entrer. Ils jouis= sent de la présence de la Sainte Trinité, et celui qui est entré une seule fois en leur présence, oublie le passé, et ne quitte plus la société des saints > à moins que ce ne soit une vierge qui mérite d'aller rejoindre les chœurs des anges. Approchant donc de plus près, ils virent une foule d'âmes des deux sexes, semblables à des anges; une ad=» mirable splendeur et une odeur délicieuse régnaient autour d'eux; on entendait de tous côtés les sons les plus suaves; enfin ce spectacle surpassait tout ce qu'ils avaient vu jus= qu'alors. Les instruments produisaient de douces harmonies sans que personne les touchât, mais les chânts des esprits célestes étaient encore supérieurs en douceur. Leurs lèvres ne remuaient point, leurs mains n'erraient point sur les instruments, et cependant, à leur volonté, ils produisaient des mélodies enchanteresses, que leurs voix accompa» gnaient sans le moindre effort et sans aucun travail. Un firmament resplendissant les couvrait de ses voiles d'azur. Quantité de chaînes délicates de l'or le plus pur étaient attachées à des baguettes d'argent, et aux chaînes étaient suspendus une variété d'objets sonores , comme des clochettes, de petites lyres, des cymbales; et une multitude d'anges, portant des ailes d'or, voltigeait entre ces objets, et produisait un concert de sons admirables, èn les touchant légèrement

Tondalus enchanté par ce spectacle , voulait demeurer en ce lieu. L'Ange lui dit : Regarde derrière toi ! Ce qu'il fit, et il vit un arbre très-élevé, dont les branches, chargées d'un vert feuillage, s'étendaient au loin , et qui était cou= vert de fruits et de fleurs de toute espèce. Un nombre considérable d'oiseaux au riche plumage et aux voix variées, faisaient retentir l'air de leurs chants , à l'ombre du feuiU lage, sous lequel croissaient des lys, des roses, et des herbes odoriférantes des genres les plus divers. Sous l'abri des ra= meaux de cet arbre, une multitude d'hommes et de femmes, dans des cellules d'or et d'ivoire ne s'occupaient qu'à bénir et à louer le Seigneur pour les bienfaits qu'il répand d'une main si libérale* Chacun portait sur la tête une couronne d'or d'un travail admirable, et un sceptre d'or à la main , et était vêtu d'habits semblables à ceux des moines. L'Ange dit alors, à Tondalus : Cet arbre est le symbole de la Sainte Eglise. Ceux que tu vois à l'abri de ses branches sont les défenseurs et les fondateurs d'églises. A cause de leurs bienfaits, ils sont admis à partager la société des saints. D'autres, pour être plus en état de faire du bien aux églises, ont quitté le monde et ont vécu religieusement.


Continuation du mente sujet Oh gioja ! oh ineffabile allegrezza ! Oh vita intera d'amore e di pace 2 Oh senza brama sicura ricchezza ! (Dante, Paradiso, eanto xxvn.) $15. orsqu'ils eurent quitté ces lieux, ils aperçurent un édifice d'une grandeur, d'une beauté et d'un éclat bien supérieurs aux autres qu'ils avaient rencontrés auparavant. Il était construit avec toutes sortes de pierres précieuses, entremêlées de métaux de couleurs variées, qui faisaient ciment. Ces pierres étaient des cristaux , des crysalites, des bérils, des hyacinthes, des émeraudes, des saphirs, des onyx, des topases, des pierres sardes, des améthystes, des turquoises. On peut concevoir quel éclat répandaient toutes ces pierreries. Tondalus et l'Ange s'élevèrent sur cet édifice et virent ce que sans doute l'œil de l'homme ne vit jamais, ouïrent ce que jamais leur oreille n'entendit , et ils comprirent ce qui ne peut entrer dans le cœur humain. Ils virent neuf ordres d'anges mêlés à autant d'esprits bienheureux; ils entendirent des paroles ineffables qu'il n'est pas donné à l'homme de comprendre, et l'Ange conducteur dit à l'âme de Tondalus :

Ecoute, ma fille, regarde, humilie-toi , oublie ta nation et la demeure paternelle, et le roi sera frappé de ta beauté. Com= bien est grande la joie, l'allégresse, la dignité et la sublimité qui président aux chœurs des anges et des saints ! Le bonheur qu'éprouvent ceux qui se nourrissent du pain des anges sur= passe toute chose, et la vie humaine leurparaitbienmisérable. Du lieu cù ils se trouvaient en ce moment , non seulement ils voyaient toutes les joies du paradis que nous avons d'é= crites, mais encore les supplices de l'enfer ; et ce qui est bien plus admirable, ils apercevaient aussi le globe de la terre, comme si un seul soleil eût tout éclairé, ainsi qu'il est écrit. La terre semblait bien loin, car rien ne peut plus borner la vue de celui auquel il a une fois été permis de voir le créateur universel. Si d'abord ils s'étaient trouvés en ce lieu, il eut été inutile de rien demander; le passé et l'avenir s'y dévoi= laient ainsi que la science sans bornes, etTondalus avait une parfaite et claire intelligence de tout ce qu'il voulait savoir.

Bf6 quatre que ®onî>aluô reconnut en et lieu» 516. $§||§|^ AND1S que Tondalus considérait ce spectacle, £g! saint Quadan 1 le confesseur se présenta à lui, 1«L r>}le salua avec une grande joie, et, l'embrassant ë^^^fjCldu fond de son cœur, lui dit : Que le Seigneur protège ton entrée et ta sortie de ce lieu , maintenant et dans les siècles des siècles. Je suis Quadan, ton patron, au* quel tu dois de ne pas avoir reçu la sépulture. Après ces mots , il s'arrêta et se tut. Tondalus vit le saint apôtre de l'Hybernie, au milieu d'un grand nombre d'évèques, parmi lesquels il en reconnut quatre. L'archevêque saint Célestin et Malachia, son successeur, qui, étant venu à Rome du temps d'Innocent, fut créé par ce pape légat et archevêque. Il divisait entre les pauvres et les vertueux ce qu'il possédait. ' Daus Y Art de vérifier les dates, ce saint ne se trouve pas dans le catalogue alphabétique et chronologique des saints.

    • JLSLo

11 fat le fondateur de quarante-quatre couvents et monas= tères de moines et de nonnes, auxquels il fournissait le nécessaire , ne se réservant rien pour lui-même. Il vit aussi l'évêque de Lyon , frère de Malachia , homme d'une conti* nence admirable et qui se voua volontairement à la pauvreté. Le quatrième était Neenna, évêquede Douai, homme simple et modeste, plein de sagesse et de chasteté. A côté de ces évêques était un siège inoccupé, d'un travail exquis. Ton= dalus demanda à qui il était destiné. Pour l'un de mes trois compagnons qui n'a pas encore quitté sa dépouille mor= telle, répondit saint Malachia \ Il l'occupera après sa mort. 1 Le personnage dont il s'agit ici est sans doute un prélat a qui Pau* teur faisait sa cour. Saint Malachie , nè Tan 1094, archevêque d'irmac , eu Irlande, Tan n3o, abdique en 11 35, et meurt à Clairvaux le 2 novembre 1 1 48.

^ÊÊÊÊÊÊÊÊ^ ÎUtour îrr l'aine ï>e Sonîralue ïmns son corps* 0 toi ch' avete gl* intelletti sani Mirate la dottriiia cho s 'asconde Sotto '1 veïamo delli vcrsi strani. (Dante, canto ix.) § 17. ^^|^|^ 'ame de Tondalus jouissait de tout ce qui s'ofFrait ||5 e ^ e > quand tout-à-coup parut l'Ange qui l'a= fi ^ va ît conduit jusqu'alors, et qui lui dit d'une voix l^llf !£1CI douce : Tu as tout vu, n'est-ce pas? J'ai vu, Sei= "gneur; mais je vous en conjure , permettez-moi de demeurer ici. C'est impossible, tu dois retourner vers ton corps, et,.pour l'utilité du monde, bien retenir le spectacle qui a passé devant tes yeux. A ces paroles, Faîne attristée répondit en pleurant : Quel si grand mal ai-je commis, Seigneur, pour que je sois obligée d'abandonner tant de gloire, pour retourner vers mon corps? Ces âmes seules peuvent jouir de cette gloire, répondit l'Ange , dont les corps sont demeurés vierges de toute souil= lureetles cœurs purs de toute affection illicite, qui ont préféré brûler d'amour pour la gloire céleste que pour les honteuses joies du monde. Tu n'es pas dans ce cas ; ainsi, crois-moi, tu ne peuxrester ici. Retourne doncvers ton corps et abstiens- toi des actions que tu as commises jusqu'à présent. Mes conseils et mon appui ne te feront pas défaut. Jeté resterai fidèlement attaché.

près que l'Ange eut prononcé ces mots, l'âme sentit aussitôt qu'elle était de nouveau chargée du poids d'un corps. Il lui fut impossible de s'apercevoir que ce changement eut occupé le moindre intervalle de temps. Il lui sembla que dans le même instant elle parlait à l'Ange dans le ciel, et qu'elle revêtait son corps sur la tçrre. Ce fut aloi*8 que l'on vit Tondalus ouvrir faiblement les yeux et que, sans parler, il reçut le corps de Notre Seigneur, au milieu des prêtres qui l'environnaient. Aussitôt il donna aux pauvres tout ce qu'il possédait, ordonna que le signe de la croix fut attaché sur ses habits, et il nous raconta tout ce qu'il avait vu, pour autant qu'il avait pu le retenir.» Il nous conseilla de mener une vie pieuse, et nous prêcha la parole de Dieu avec beaucoup de dévotion, d'humilité et de science, quoiqu'auparavant il n'en connut rien du tout. 1 Tout ce que l'on vient de lire se passa dans l'espace de trois jours , comme on le voit an commencement de ce récit. On sait que Le Dante fit le tour de l'enfer en une nuit et on joor ,, espace de temps qui s'écoule entre le i. er et le 34."* chant de la i. rt partie de La divina Commedia. 8

Quant à nous , ne pouvant imiter sa sainte vie, nous nous sommes mis à écrire sa vision pour l'utilité des lecteurs. Ce que nous avons raconté, ainsi que les choses sembla^ Mes, a été calomnié par nos docteurs, qui prétendent qu'il n'y a aucun lieu, ni aucun état intermédiaire des âmes, entre le purgatoire et le paradis, quoique saint Bernard, dans un sermon sur les saints, semble prouver le contraire. i Eotyplicit liber de raptu animœ Tundali.

HUWÎROS .ffimiriro : sxekplLbm. M. Ranscelot , à Mons ; S. Van db Wbyer , à Londres ; C. Wins , àMons; C.-P. Sebrcrr , à Gand ; 0. Dblbpibrrb , à Bruges ; L. Joly , à Moqs; A. Kreglinger , à Anvers ; a 5 3 4 6 R. Chalon , à Mons, Président ; Ch. Delbcourt, à Mons, Secrétaire-Trésorier; C. Db Chênbdollé , à Liège ; A. Dbcourtray , à Mons ; F. Db Reiffenberg , à Bruxelles ; B. Db Rivb , à Lessinnes ; ? B. Renard, à Toornay; A. Dinaux , à Valenciennes ; 9 10 1 1 la i3 i5 16 V. François, à Mons; L. Gachard , à Bruxelles ; Frèd. Hbnnbbert , à Toornay ; H. Hoyois , à Mons $ Hoyois - Dbbbly , à Mons ; 14 A. LeGlay, à Lille; M. Le Roux , à MonS ; A. Leboy , à Valenciennes ; 4 7 18 A. Letellibr , à Mons ; M. Polain, à Liège; 19 ao 21 22 23 24 25 1


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