Comments on the Society of the Spectacle  

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-''''Commentaires sur la société du spectacle''''' (éditions Gérard Lebovici, 1988; in English: Comments on the Society of the Spectacle, Verso 1990) is a book by [[Guy Debord]].+'''''Commentaires sur la société du spectacle''''' (éditions Gérard Lebovici, 1988; in English: Comments on the Society of the Spectacle, Verso 1990) is a essay by [[Guy Debord]].
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 +À première vue classique, l'écriture de l'auteur est en réalité très moderne et contribue à modifier les règles de la langue française. Ainsi, dans le chapitre XVIII de ce livre, il écrit : "Le pouvoir est devenu si mystérieux qu’après l’affaire des ventes illégales d’armes à l’Iran par la présidence des États-Unis, on a pu se demander qui commandait vraiment aux États-Unis, la plus forte puissance du monde dit démocratique ? Et donc qui diable peut commander le monde démocratique ?" Le morphème "aux", dont le sens selon la grammaire traditionnelle doit être bien fixé, est ici flottant : il s'agit à la fois d'une préposition et en ce cas désigne un groupe aux États-Unis manœuvrant pour vendre des armes à l'Iran, et d'un article amalgamé, désignant de l'extérieur ce même pays. Les deux lectures éclairent le sens du passage : quelle forces, aux États-Unis et à l’étranger, peuvent décider d’élections démocratiques dans un pays libre ? L'incise "qui diable" renvoie de manière ironique aux appellations réciproques de l'époque : Washington voyait dans l’Iran le “Mal” et Téhéran pointait “le grand Satan” américain. Les conflits de surface masquaient ainsi des relations politiques inavouables en profondeur. D'où la manière cachée de Debord de les évoquer comme une chose impossible, en forçant la langue.
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 +La ''Préface à la quatrième édition italienne de "[[La Société du spectacle (livre)|La Société du spectacle]]" ''se conclut ainsi : "Les jours de cette société sont comptés ; ses raisons et ses mérites ont été pesés, et trouvés légers ; ses habitants se sont divisés en deux partis, dont l'un veut qu'elle disparaisse." La répétition du son [e] simule le consensus des habitants de la péninsule italienne, mais le son disparaît à la fin de la phrase, laissant apparaître une véritable disjonction sociale. Les "raisons" et les "mérites" peuvent rappeler Tacite, Annales, Livre I, Chapitre XLVIII ("en temps de paix, on tient compte des raisons et des mérites ; lorsque la guerre est déclarée, les innocents et les coupables tombent pareillement"). C'est enfin une variation sur le <em>Mane</em>, <em>Thecel</em>, <em>Phares </em>("compté", "pesé", "divisé")<ref>http://www.akadem.org/medias/documents/--4_Balthazar.pdf</ref> de la Bible, Daniel, V ; Isaïe, XXI, 5 : elle annonce la chute prochaine de Babylone devant les Perses, pendant une fête et des réjouissances dans la ville (voir Hérodote, L'Enquête, I, 191). Cette conclusion s'apparente donc à un appel à la guerre civile et la promesse d'une victoire des insurgés révolutionnaires.
 +==Réactions diverses==
 +* Le philosophe [[Giorgio Agamben]] en 1990 : « L’aspect sans doute le plus inquiétant des livres de Debord tient à l’acharnement avec lequel l’histoire semble s’être appliquée à confirmer ses analyses. Non seulement, vingt ans après ''La Société du spectacle'', les ''Commentaires sur la société du spectacle'' (1988) ont pu enregistrer dans tous les domaines l’exactitude des diagnostics et des prévisions, mais entre-temps, le cours des événements s’est accéléré partout si uniformément dans la même direction, qu’à deux ans à peine de la sortie du livre, il semble que la politique mondiale ne soit plus aujourd’hui qu’une mise en scène parodique du scénario que celui-ci contenait. L’unification substantielle du spectacle concentré (les démocraties populaires de l’Est) et du spectacle diffus (les démocraties occidentales) dans le spectacle intégré, qui constitue une des thèses centrales des ''Commentaires'', que bon nombre ont trouvé à l’époque paradoxale, s’avère à présent d’une évidence triviale. Les murs inébranlables et les fers qui divisent les deux mondes furent brisés en quelques jours. Afin que le spectacle intégré puisse se réaliser pleinement également dans leur pays, les gouvernements de l’Est ont abandonné le parti léniniste, tout comme ceux de l’Ouest avaient renoncé depuis longtemps à l’équilibre des pouvoirs et à la liberté réelle de pensée et de communication, au nom de la machine électorale majoritaire et du contrôle médiatique de l’opinion (qui s’étaient tous deux développés dans les États totalitaires modernes). » <ref>[http://juralibertaire.over-blog.com/article-20137929.html '''Postface de Giorgio Agamben à l'édition italienne en un volume de ''La Société du spectacle'' et des ''Commentaires sur la société du spectacle''''']</ref>
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 +==Éditions==
 +* ''Commentaires sur la société du spectacle'', [[Éditions Gérard Lebovici]], Paris, 1988. <small>ISBN 2-85184-210-2</small>
 +* ''Commentaires sur la société du spectacle suivi de Préface à la quatrième édition italienne de "La Société du Spectacle"'', Gallimard, Collection blanche, Paris, 1992. <small>ISBN 2-07-072807-2</small>
 +* ''Commentaires sur la société du spectacle suivi de Préface à la quatrième édition italienne de "La Société du Spectacle"'', [[folio (Gallimard)|folio]] Gallimard, Paris, 1996. <small>ISBN 2-07-040135-9</small>{{commentaire biblio|Cette édition en collection de poche est ornée en couverture d'une photo de Guy Debord jouant au [[Guy Debord#Le Jeu de la Guerre|Jeu de la Guerre]].}}
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 +==Articles connexes==
 +* ''[[La Société du spectacle (livre)|La Société du spectacle]]''
 +* [[Guy Debord]]
 +* [[Internationale situationniste]]
 +* [[Champ Libre]]
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Commentaires sur la société du spectacle (éditions Gérard Lebovici, 1988; in English: Comments on the Society of the Spectacle, Verso 1990) is a essay by Guy Debord.

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French text

Analyses

À première vue classique, l'écriture de l'auteur est en réalité très moderne et contribue à modifier les règles de la langue française. Ainsi, dans le chapitre XVIII de ce livre, il écrit : "Le pouvoir est devenu si mystérieux qu’après l’affaire des ventes illégales d’armes à l’Iran par la présidence des États-Unis, on a pu se demander qui commandait vraiment aux États-Unis, la plus forte puissance du monde dit démocratique ? Et donc qui diable peut commander le monde démocratique ?" Le morphème "aux", dont le sens selon la grammaire traditionnelle doit être bien fixé, est ici flottant : il s'agit à la fois d'une préposition et en ce cas désigne un groupe aux États-Unis manœuvrant pour vendre des armes à l'Iran, et d'un article amalgamé, désignant de l'extérieur ce même pays. Les deux lectures éclairent le sens du passage : quelle forces, aux États-Unis et à l’étranger, peuvent décider d’élections démocratiques dans un pays libre ? L'incise "qui diable" renvoie de manière ironique aux appellations réciproques de l'époque : Washington voyait dans l’Iran le “Mal” et Téhéran pointait “le grand Satan” américain. Les conflits de surface masquaient ainsi des relations politiques inavouables en profondeur. D'où la manière cachée de Debord de les évoquer comme une chose impossible, en forçant la langue.

La Préface à la quatrième édition italienne de "La Société du spectacle" se conclut ainsi : "Les jours de cette société sont comptés ; ses raisons et ses mérites ont été pesés, et trouvés légers ; ses habitants se sont divisés en deux partis, dont l'un veut qu'elle disparaisse." La répétition du son [e] simule le consensus des habitants de la péninsule italienne, mais le son disparaît à la fin de la phrase, laissant apparaître une véritable disjonction sociale. Les "raisons" et les "mérites" peuvent rappeler Tacite, Annales, Livre I, Chapitre XLVIII ("en temps de paix, on tient compte des raisons et des mérites ; lorsque la guerre est déclarée, les innocents et les coupables tombent pareillement"). C'est enfin une variation sur le Mane, Thecel, Phares ("compté", "pesé", "divisé")<ref>http://www.akadem.org/medias/documents/--4_Balthazar.pdf</ref> de la Bible, Daniel, V ; Isaïe, XXI, 5 : elle annonce la chute prochaine de Babylone devant les Perses, pendant une fête et des réjouissances dans la ville (voir Hérodote, L'Enquête, I, 191). Cette conclusion s'apparente donc à un appel à la guerre civile et la promesse d'une victoire des insurgés révolutionnaires.

Réactions diverses

  • Le philosophe Giorgio Agamben en 1990 : « L’aspect sans doute le plus inquiétant des livres de Debord tient à l’acharnement avec lequel l’histoire semble s’être appliquée à confirmer ses analyses. Non seulement, vingt ans après La Société du spectacle, les Commentaires sur la société du spectacle (1988) ont pu enregistrer dans tous les domaines l’exactitude des diagnostics et des prévisions, mais entre-temps, le cours des événements s’est accéléré partout si uniformément dans la même direction, qu’à deux ans à peine de la sortie du livre, il semble que la politique mondiale ne soit plus aujourd’hui qu’une mise en scène parodique du scénario que celui-ci contenait. L’unification substantielle du spectacle concentré (les démocraties populaires de l’Est) et du spectacle diffus (les démocraties occidentales) dans le spectacle intégré, qui constitue une des thèses centrales des Commentaires, que bon nombre ont trouvé à l’époque paradoxale, s’avère à présent d’une évidence triviale. Les murs inébranlables et les fers qui divisent les deux mondes furent brisés en quelques jours. Afin que le spectacle intégré puisse se réaliser pleinement également dans leur pays, les gouvernements de l’Est ont abandonné le parti léniniste, tout comme ceux de l’Ouest avaient renoncé depuis longtemps à l’équilibre des pouvoirs et à la liberté réelle de pensée et de communication, au nom de la machine électorale majoritaire et du contrôle médiatique de l’opinion (qui s’étaient tous deux développés dans les États totalitaires modernes). » <ref>Postface de Giorgio Agamben à l'édition italienne en un volume de La Société du spectacle et des Commentaires sur la société du spectacle</ref>

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